22 mai 2008 (Nouvelle Solidarité) – Une petite tempête politique a secoué la Belgique début mai quand la presse a révélé que KBC Assurance, la plus grande banque du pays, avait vendu des assurances-vie indexées sur le prix galopant des denrées alimentaires, notamment le blé, le sucre, le maïs, le soja, le café et le cacao.
Un porte parole de la banque a répondu aux questions du quotidien la Libre Belgique que la nourriture n’était qu’un produit comme un autre et qu’il n’était donc pas forcément plus moral de spéculer sur l’acier, le cuivre ou l’aluminium. Pourtant, la plaquette de la banque qui vantait le produit clamait haut et fort : « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! »
Les avantages de cette assurance-vie seraient à l’avenant : « L’énorme accroissement de la population, surtout dans les pays à fort potentiel de croissance économique ; un niveau de vie plus élevé et des modifications enregistrées dans les habitudes alimentaires (davantage de produits laitiers et de viande) ; les changements climatiques et la pénurie d’eau et de terres agricole exploitables ; la forte baisse des réserves et trop peu d’investissements dans le secteur agricole. »
Le magazine belge Trends note qu’il « faut dire que cette ‘froideur financière’ crée un contraste absolu avec le ‘choc alimentaire’ qui affame et assoiffe des peuples entiers un peu partout dans le monde. »
Contactée par le magazine, le porte parole de KBC a eu le culot d’affirmer que « Comme le produit financier est lié à cette hausse, il permet aux particuliers de supporter l’augmentation des frais liée aux prix de plus en plus élevés des matières agricoles, avec en outre une protection du capital ».
Une partie du monde politique belge a réagi. Députés et eurodéputés du Parti socialiste veulent interdire des produits financiers qui proposent aux épargnants de s’enrichir « en affamant les habitants les plus pauvres de la planète ». Le 23 mai, le PS belge a déposé une proposition de loi visant « à interdire l’offre et la diffusion de produits financiers dont le seul objectif est de spéculer sur la hausse des prix des denrées alimentaires et d’en tirer profit ».
KBC Assurance n’a pas le monopole de ce genre de politique. D’autres géants de la spéculation financière combinent habilement nourriture et matières premières, comme Goldman Sachs, JPMorgan Global Natural Resources ou Baring Global Resources.
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