Dans un long dossier publié le 1er août dans le quotidien économique allemand Handelsblatt, Christian Conrad, de la Landesbank Baden-Württemberg, et Markus Stahl, de la Baden-Württemberische Bank AG, soulignent les parallèles entre la bulle spéculative actuelle aux Etats-Unis et celle qui mena au krach boursier de 1929. Dans leur article, intitulé « Un Alan Greenspan ne fait pas le printemps », les auteurs présentent des données sur l’explosion des prix des valeurs financières et de la dette américaine, démontrant qu’une bulle spéculative encore plus dangereuse que celle des années 20 est en train de se former.
- Pendant les années 90, l’index S&P des cinq cents plus grosses valeurs américaines a augmenté de 400 %, alors que le Nasdaq bondissait de 1180 %. Au cours des trois années de son existence, le Nemax allemand a gonflé de 1600 %, jusqu’à son sommet de mars dernier. Le rapport entre la capitalisation boursière et le PNB américain (170 %) est aujourd’hui encore plus élevé qu’en 1929.
- Les crédits à la consommation sont passés, aux Etats-Unis, de 863 milliards de dollars au premier trimestre de 1994 à 1428 milliards au quatrième trimestre de 1999. La dette à la marge a même augmenté de 75 % en 1999.
- Le chiffre d’affaires quotidien des marchés dérivés sur les monnaies et sur les taux a augmenté de 85 % ces trois dernières années.
- Alors que l’économie américaine avait une balance commerciale positive dans les années 20, il y a aujourd’hui un déficit commercial en croissance continue.
Au vu de ces données, les auteurs notent que « diverses personnes avertissent que la bulle spéculative pourrait éclater prochainement ». De plus, il faudrait soulever la question du rôle joué par Alan Greenspan, dans la mesure où les bulles spéculatives dépendent d’un « cadre monétaire permettant de financer les structures inflationnistes sur les marchés boursiers ». Il apparaît clairement que la Réserve fédérale a libéré « les forces spéculatives au sein de l’économie américaine », contrairement à l’idée répandue selon laquelle Greenspan a maintenu la stabilité des prix. Avec sa politique d’« argent facile », notamment les trois baisses de taux en automne 1998, la Réserve fédérale a donné « le signal attendu par les investisseurs ». En conséquence, « les forces spéculatives et le développement aberrant des actions internet (...) ont été hors de contrôle jusqu’en mars 2000 ». Si l’on ne peut pas dire précisément à quel moment la bulle va éclater, « cela ne peut tout simplement pas continuer ainsi ».