4 février 2009 (LPAC) — Alors que l’Administration Obama semble décidé à maintenir l’envoi d’un renfort de 20 à 30000 hommes en Afghanistan, il semble qu’un débat de fond s’ouvre sur cette politique, qui militariserait plus encore une guerre sans perspective, au lieu de retirer les soldats et de s’attaquer sérieusement au trafic de drogue en Afghanistan et au Pakistan.
Lors des auditions de Hillary Clinton en vue de sa confirmation au poste de secrétaire d’Etat, le sénateur John Kerry, président de la commission des Relations extérieures et ancien combattant médaillé de la guerre du Vietnam, a tenu des propos particulièrement tranchants.
Lors des déplacements qu’il a pu effectuer en Afghanistan, dit-il, les parallèles avec la guerre du Vietnam l’ont frappé de manière récurrente et par différents aspects. Pour résumer sa position, il pense que se contenter d’augmenter les effectifs ne fera qu’empirer la situation.
« Notre objectif initial était d’aller là-bas et d’en finir avec al-Qaïda. Il s’agissait de capturer ou de tuer Oussama ben Laden, non pas d’adopter le 51ème Etat des Etats-Unis. Il ne s’agissait nullement d’imposer une forme de gouvernement, même si nous y croyons fermement et la soutenons, et c’est pourtant, en fin de compte, la mission, du moins telle qu’elle est définie aujourd’hui. » Mme Clinton a reconnu que ses craintes étaient fondées.
Sous le gouvernement Bush-Cheney, de nombreux opposants démocrates à la guerre en Irak soutenaient que les troupes américaines devaient se battre en Afghanistan et non en Irak.
C’était ce que plaidait aussi Nancy Pelosi en mars 2007, en déposant une loi prévoyant le retrait d’Irak. Il semble que cela soit en train de changer, à lire l’édition du 27 janvier de The Hill, qui cite le représentant James McGovern pour qui « l’idée de simplement doubler le nombre de troupes n’est pas la bonne réponse ». Le député Jim McDermott, quant à lui, souhaite que les Etats-Unis prennent garde de ne pas « se laisser piéger comme les Britanniques ». Le mois dernier, la représentante Lynn Woolsey avait dit au chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emanuel, que les troupes ne devraient pas être mutées d’Irak en Afghanistan, mais « il n’a répondu ni dans un sens ni dans l’autre ».
Dans la même veine, l’ancien sénateur George McGovern a récemment publié une tribune dans le Washington Post, à l’attention du nouveau Président, commençant ainsi : « Monsieur le Président, pourrais-je suggérer quelque chose ? S’il vous plaît, n’essayez pas de redresser la situation en Afghanistan avec des forces armées américaines. »
D’autres démocrates ont ouvert un site internet, getafghanistanright.com, sur lequel l’ancien porte-parole civil de l’OTAN à Kaboul en 2007, Nicholas Lunt, explique que : « Nos soldats, écrit-il, sacrifient leur vie dans la poursuite d’objectifs irréfléchis et purement politiques, qui semblent correspondre davantage à des voeux pieux qu’à une évaluation correcte de ce qui est possible et faisable en Afghanistan. »
Lyndon LaRouche a défendu le sénateur Kerry contre les attaques lancées contre lui par le Washington Post, entre autres, pour sa position sur l’Afghanistan. LaRouche lui suggère aussi à reprendre ses propres propositions de lutte contre le trafic de stupéfiants.
Reste à savoir quelle politique le gouvernement Obama adoptera en fin de compte.
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