6 mai 2008 (Nouvelle Solidarité) - La stratégie chinoise vise à libérer le pays de sa dépendance vis-à-vis des exportations bon marché à destination des Etats-Unis et de l’Europe et à développer son immense marché intérieur – objectifs économiques d’autant plus urgents dans le contexte actuel de crise financière et de contraction des marchés américains et européens. Toutefois, sur le plan interne, la Chine est en proie à une forte inflation et à d’autres difficultés.
Le quotidien Xinhua rapporte que le 28 avril, lors d’une réunion du bureau politique du Parti communiste à Pékin, le président chinois Hu Jintao a qualifié de « mission stratégique essentielle » l’objectif d’indépendance vis-à-vis de l’exportation. A l’avenir, a-t-il dit, la Chine devra « essentiellement compter sur les progrès scientifiques et technologiques, une amélioration de la qualité de la force de travail et l’innovation dans les méthodes de gestion. »
L’inflation ronge sérieusement les revenus en milieu urbain et plus encore à la campagne, où 900 millions de Chinois vivent dans la pauvreté. Si les revenus ruraux ont augmenté de 9% au cours du premier trimestre de 2008 - sans prendre en compte l’impact de l’inflation - (chiffres publiés le 24 mars par le Bureau national des statistiques), ils ne représentent toutefois que 1500 yuans de revenu moyen par habitant et par trimestre, soit 215 dollars. Mais l’inflation a déjà réduit ce pouvoir d’achat de 50%. Pour les citadins, le revenu par habitant a augmenté de 11,5% au premier trimestre, mais en raison de l’inflation, le pouvoir d’achat réel n’a augmenté que de 3,4% (augmentation la plus faible depuis 1997). En moyenne, le revenu par habitant dans les villes est de 4386 yuans (environ 625 dollars).
Les deux secteurs les plus touchés par l’inflation sont l’alimentation et l’énergie. Si la Chine est pratiquement auto-suffisante en céréales, des problèmes d’infrastructure et un réseau ferré insuffisant font que les céréales peuvent se trouver bloquées dans le nord, là où la production est concentrée, tandis que le sud, qui doit importer du riz, voit les prix monter.
Les stocks de charbon, quant à eux, sont au plus bas : il n’en reste que pour douze jours, alors qu’il fournit 70% de l’électricité chinoise. La consommation a été très importante durant l’hiver 2007/2008, qui a été l’hiver le plus froid de ces cinquante dernières années, et les difficultés de transport dans ces conditions climatiques se sont accumulées. De même, les centrales électriques chinoises accusent des pertes en raison de l’augmentation de 10% du coût du charbon, tant importé que chinois, depuis l’année dernière. En janvier 2008, le gouvernement a décidé de geler les prix de l’électricité, le temps de ramener sous contrôle l’inflation.
Entre-temps, les exportations diminuent. Lors du Salon import-export de Guangzhou (biens de consommation, appareils ménagers, textiles, alimentation...), en avril, le nombre d’acheteurs américains présents avait diminué de 23,3%, celui des Français de 11,8% et celui des Allemands de 9,5% !