7 juillet 2008 (Nouvelle Solidarité) — Une fois de plus, l’importante chaîne de télévision iranienne Al-Alam a accueilli sur son plateau un représentant de Solidarité Progrès (S&P). Ainsi, le samedi 5 juillet, de pair avec l’ancien ministre de l’Information syrien, le Dr. Mahdi Dakhlallah, Karel Vereycken fut sollicité à s’exprimer sur la visite du président syrien Bachar el-Assad en France. Ce dernier sera reçu par Sarkozy dès le 12 juillet et assistera au sommet fondateur de l’Union pour la Méditerranée (UPM).
Cette visite, qui a le potentiel d’offrir l’opportunité d’une première rencontre directe entre Bachar el-Assad et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert, pourrait amorcer un tournant décisif dans le processus qui se déroule depuis mai vers une paix israélo-syrienne durable. La visite du président syrien pourrait aussi mettre fin aux relations conflictuelles qui ont entaché les relations franco-syriennes depuis l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Déjà la semaine dernière, afin de préparer la visite du chef d’Etat syrien, son ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem avait pu s’entretenir avec son homologue français Bernard Kouchner, ainsi qu’avec Claude Guéant, le conseiller du président Sarkozy.
A part Marek Halter, dans un article publié dans le Journal du Dimanche du 6 juillet, peu se lèvent pour saisir cette opportunité de faire avancer la paix et nombreux sont ceux qui crient au scandale. « Comment ce dictateur peut-il assister au défilé du 14 juillet ? » disent-ils. Dès l’annonce de la visite en France, le quotidien Le Monde, qui tire des revenus d’un partenariat avec le New York Times, n’a pas hésité à déterrer tous les soupçons qui pèsent sur un éventuel programme nucléaire syrien supposément monté avec l’aide de la dictature nord coréenne.
Bien sûr, tous les problèmes ne sont pas réglés et pour l’instant l’heure semble aux marchandages. Par exemple la France, de pair avec le Département d’Etat américain et Israël, demande à la Syrie de rompre ses relations avec l’Iran en échange d’un accord de paix permettant à la Syrie de récupérer le plateau du Golan.
Bien que le 3 juillet Ehoud Olmert indique qu’Israël et la Syrie allaient devoir discuter « très bientôt de façon directe », le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem déclarait le lendemain devant l’Institut français des relations internationales (IFRI) que « cette question n’est pas sur l’agenda », estimant que pour l’instant les négociations indirectes, sous l’égide de la Turquie, « n’en sont qu’à leur début et il qu’il est prématuré d’y porter un jugement ».
De toutes façons, la Syrie affirme que des négociations directes nécessitent une « implication importante des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Russie ». En réponse aux pressions visant à rompre avec Téhéran, Mouallem a déclaré qu’il « ne peut y avoir de préalable aux négociations de paix. Nous n’avons pas demandé à Israël de prendre ses distances vis-à-vis des Etats-Unis », a-t-il lancé.
Lors de l’émission, l’ancien ministre de l’Information, le Dr. Mahdi Dakhlallah a noté bon nombre de signes positifs venant de la région, démontrant une volonté authentique de dialogue entre Israël et ses voisins. Cependant, il a tenu à rappeler que ce fut la victoire militaire du Hezbollah au Liban en 2006 et celle du Hamas à Gaza qui ont permis de débloquer la situation. Selon lui, « la paix a dû être conquise » avant de devenir négociable. Aujourd’hui, il en appelle l’UE et la France à jouer un rôle plus important, vu la méfiance qui persiste par rapport à Israël et l’administration américaine.
Karel Vereycken a pu souligner l’occasion historique que représente la visite de Bachar el-Assad pour changer la donne. Le comportement des médias français laisse à désirer. La paix à construire n’est pas seulement dans l’intérêt des acteurs de la région mais de l’ensemble du monde. Les négociateurs devraient donc prendre en compte cette dimension mondiale et historique, car l’escalade verbale qui monte entre l’Iran et la sixième flotte américaine vise à mettre le feu à la région pour sauver un système financier mondial en faillite. Un incident dans le détroit d’Ormuz permettrait aux spéculateurs de faire monter encore plus les prix du pétrole, ce qui les intéresse au plus haut point pour pouvoir faire « tenir » leur système spéculatif. Les chefs d’Etats sont parfaitement en mesure de négocier un accord équitable s’ils refusent de se comporter comme des fourmis rouges et noires qu’on jette les unes contre les autres.
A savoir si un accord de paix pourrait être négocié avant qu’une nouvelle administration ne prenne la relève outre Atlantique, Vereycken a mis en garde contre toute illusion sur Barack Obama. Ce qui est décisif, c’est de faire renaître la tradition de Franklin Delano Roosevelt que défend Lyndon LaRouche aux Etats-Unis. Pour cela il faut garantir que Bill Clinton puisse jouer un rôle dans la prochaine administration. Après tout, déjà en 2000, le président Clinton avait réussi à Genève à mettre autour de la même table des représentants de la Syrie et d’Israël.
La chaîne Al-Alam, qui possède des bureaux à Téhéran, Beyrouth et Bagdad, a été fondée en 2003 par Ezzatollah Zarghami, actuel directeur de l’IRIB (Radio-télévision de la République islamique d’Iran). La chaîne en arabe atteint quelque 200 millions de personnes, avec une forte audience dans le Golfe persique et la Méditerranée. Par satellite, les émissions atteignent cinq continents.
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