Deux politiques américaines diamétralement opposées se font jour aujourd’hui sur la question du Kosovo comme un premier reflet de la révolution stratégique
9 juillet (LPAC) - Deux politiques américaines diamétralement opposées se font jour aujourd’hui sur la question du Kosovo comme un premier reflet de la révolution stratégique potentielle esquissée lors de la rencontre au sommet à Kennebunkport. Lors de sa visite en Croatie, Daniel Fried, le sous-secrétaire d’état américain, a annoncé que les Etats-Unis n’attendent pas une résolution sur l’indépendance du Kosovo avant l’année prochaine - inflexion qui s’éloigne de la politique de confrontation avec la Russie des derniers mois, mais parfaitement cohérente avec la nouvelle donne potentielle de Kennebunkport.
L’agence Reuters en Croatie rapporte aujourd’hui que Fried s’est entretenu directement avec le premier ministre kosovar Agim Ceku au moment même où Joachim Ruecker, l’envoyé spécial de l’ONU au Kosovo, prenait la parole devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui se réunissait à portes closes. Le lendemain, l’ambassadeur américain à l’ONU, le néo-conservateur Zalmay Khalilzad, parlant devant la presse après la session onusienne, contredisait entièrement les propos de Fried. « C’est notre conviction qu’on doit assez rapidement aboutir à une décision, que d’une façon ou une autre il y aurait un changement de statut au Kosovo vers l’indépendance », disait Khalilzad selon Reuters. « Nous travaillerons avec nos collègues pour présenter une résolution cette semaine, et d’ici une semaine il doit y avoir une décision » (...) « Je pense que la semaine qui vient, disons les dix jours à venir, seront une période décisive. »
Pourtant, Fried, lors de ces entretiens aujourd’hui à Pristina avec le premier ministre Ceku affirme le contraire : il ne croit pas qu’en ce moment « des déclarations unilatérales basées sur la peur et le manque de confiance allaient aider l’indépendance du Kosovo ». « Mon gouvernement a le sentiment qu’une période limitée de négociations [entre le Kosovo et la Serbie] est la meilleure approche pour avancer » disait-il aux journalistes après sa rencontre avec Ceku. Cette formulation est assez proche du point de vue russe.
L’exigence d’un vote à l’ONU sur la question de l’indépendance telle quelle est formulée par Khalilzad implique un bras de fer avec la Russie qui ferait usage de son droit de veto au Conseil de Sécurité. Le ministre des Affaires Etrangères de la Russie, Sergei Lavrov a répété aujourd’hui qu’aucune politique ne serait acceptable si elle ne tient pas compte des intérêts de la Serbie, dont le Kosovo fait partie aujourd’hui.
Indiquant l’origine de la politique confrontationniste de l’ambassadeur Khalilzad, l’envoyée britannique aux Nations Unies Karen Pierce, interrogée sur la déclaration de Lavrov répondait : « Je pense qu’il serait stupide de la part de M. Lavrov d’offrir un droit de veto aux Serbes sur la politique de la Russie, sans parler même du Conseil de Sécurité »