27 décembre (LPAC) - L’expulsion d’Afghanistan de deux haut diplomates britanniques mandatés par l’Union Européenne et l’Onu, ajoutée aux révélations du Daily Telegraph de mercredi alléguant que des officiels du MI6 négocient depuis des mois avec les chefs talibans, sont un coup sévère pour le Premier ministre Gordon Brown, alors que ces évènements interviennent au moment de l’assassinat de Benazir Bhutto. Des fondamentalistes liés aux Talibans sont derrières les dizaines d’attentats terroristes qui secouent le Pakistan.
A la mi-décembre, Brown a garanti devant le parlement britannique qu’il n’y aurait « aucune négociation avec les terroristes ». Mais en réalité, tel que le rapporte The Independent dans sa Une de jeudi, « des diplomates doivent quitter l’Afghanistan alors qu’un nouveau « Grand Jeu » s’opère avec les chef tribaux (...) Les espions, les diplomates et les soldats d’Afghanistan se retrouvent à jouer le « Grand Jeu », tout comme leurs aïeux l’ont toujours fait ». Le terme « Grand Jeu » est une référence directe à la guerre couverte qui a opposé russes et britanniques tout au long du XIXe siècle pour la domination du sous-continent indien, de l’Asie du Sud-Ouest et de l’Asie Centrale, et dans lequel les officiers de renseignement, souvent déguisés en explorateurs, jouaient les premiers rôles.
Dans un effort désespéré de montrer que des progrès été faits en Afghanistan, Gordon Brown annonçait le 12 décembre, une politique d’ « engagement tribal », tâche à laquelle travaillaient les deux diplomates expulsés le 26 décembre.
Selon des documents confidentiels cités par The Independent, ce genre d’engagement a toujours été la politique de l’ambassadeur britannique en Afghanistan, Sir Sherard Cowper Coles, et du Brigadier Andrew Mackay, commandant des forces britanniques dans la province d’Helmand. « L’association de longue date entre la Grande Bretagne et l’Afghanistan a démontré que nous nous étions installés dans ce pays en formant des alliances tribales. De la même manière, dans le temps, nous en sortirons en formant des alliances tribales soutenant le gouvernement afghan », a écrit le brigadier Mackay dans un mémo du 30 octobre, adressé aux officiers de haut rang de sa province. « Tout ce que nous faisons aura pour base notre capacité d’influencer la population de l’Helmand pour obtenir, maintenir et gagner leur consentement ».