En dépit de la campagne menée par les parlementaires républicains pour vendre à la population le plan de privatisation des retraites concocté par le gouvernement, les Américains n’en veulent pas. Ils boudent la plupart des évènements publics sur ce thème ou, s’ils y participent, c’est pour critiquer leurs élus républicains. Dans le Wisconsin, le député Paul Ryan, co-auteur d’une loi sur la privatisation des caisses de retraites, a fait une série de présentations devant des salles clairsemées. Dans la ville céréalière de Darien, le 21 février, à l’heure du petit-déjeuner, Ryan s’est retrouvé devant cinq personnes dont l’âge moyen était de soixante-neuf ans. Un retraité le prit à partie sur l’éventualité d’un krach boursier, « le scénario du pire où tout part en fumée ». La semaine dernière, les républicains avaient prévu de tenir soixante-dix réunions, essentiellement sur le thème des retraites, tandis que les démocrates en prévoient trois cents d’ici la fin du mois. Tout le monde note que, de manière générale, les élus républicains restent sur la défensive et mobilisent bien moins que ne l’espéraient les dirigeants.
On peut y voir l’effet direct de la mobilisation contre la privatisation lancée, à l’origine, par Lyndon LaRouche et son mouvement politique. A toutes les réunions où le mouvement des jeunes larouchistes intervient, c’est lui qui domine les débats, déstabilisant les partisans de la privatisation et poussant les démocrates à voir plus loin que la simple question des retraites.
Face à tant d’opposition, les conseillers moins dogmatiques du président Bush semblent prêts à mettre la pédale douce pour l’instant, plutôt que de risquer un affrontement direct avec les démocrates et nombre de républicains du Congrès. Ils n’abandonnent pas leur projet, a fait remarquer LaRouche, car les marchés ont besoin de cet argent, mais ils vont chercher à changer de sujet, par exemple en provoquant une « crise au niveau de la sécurité nationale ».
Si changement de tactique il y a, insiste LaRouche, les démocrates ne doivent en aucun cas baisser la garde - la mobilisation doit se poursuivre et s’élargir.