19 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) – Alors que l’effondrement financier précipite les Etats-Unis et le monde vers l’abîme, la bataille contre l’oligarchie financière vient d’être lancée au Sénat américain. Charles Schumer et Hillary Clinton, les deux sénateurs de New York, ont proposé hier des mesures concrètes pour faire face à l’effondrement du système bancaire, en opposition claire avec les politiques de Bernanke et Paulson, qui agissent en collusion avec la faction Pelosi-Rohatyn du Parti démocrate.
Si l’issue de cette bataille est incertaine, on peut se réjouir qu’elle ait lieu. Comme l’a résumé Lyndon LaRouche, il y a d’un côté la faction Pelosi-Rohatyn et de l’autre l’espèce humaine. Député démocrate au congrès, Nancy Pelosi préside la chambre des représentants depuis 2006. Depuis son poste elle a systématiquement saboté, pour le compte de Felix Rohatyn, les initiatives démocrates allant contre les intérêts de Wall Street et du vice-président Cheney.
Dans son discours devant le sénat, Charles Schumer a explicitement appelé à la création d’une Reconstruction Finance Corporation (RFC), [*] modelée sur celle du président Franklin Roosevelt, en opposition à l’initiative rival d’une Resolution Trust Corporation (RTC) promue notamment par le secrétaire au Trésor Henry Paulson.
D’autre part, Hillary Clinton, forte de l’autorité gagnée auprès de l’électorat populaire pendant les primaires démocrates, a fait une série de propositions dont la résurgence d’une autre agence créée par Franklin Roosevelt, le Home Owner’s Loan Corporation (HOLC). Ayant pour mission de juguler les opérations financières risquées, d’apporter une protection aux résidents menacés par les saisies massives de logements, et de réaffirmer l’autorité fédérale sur le système. Dans une interview sur CNBC, l’ancien président Bill Clinton a évoqué la nécessité de « revenir à la Home Owner’s Loan Corporation qui résultait de la dépression. Elle avait bénéficié au peuple américain en stabilisant le marché du prêt immobilier, empêchant une panique aux conséquences désastreuses. »
Jeudi soir, de leur côté, Henry Paulson et Nancy Pelosi ont tenu une réunion sur leurs propres propositions, à laquelle ont participé des sénateurs et des représentants démocrates et républicains ainsi que le gouverneur de la Réserve Fédérale et le président de l’autorité des marchés américain (SEC). On en sait peu sur le contenu de cette réunion, si ce n’est que Paulson et Bernanke prévoient de travailler avec le Congrès (ou plutôt la faction Pelosi-Rohatyn, dont Chris Dodd, Barney Frank et Rahm Emanuels) tout le week-end, tel que l’a expliqué la porte-parole du Trésor.
Plus tôt dans la journée, Le Comité d’étude républicain (RSC), un groupe parlementaire constitué de plus de 100 législateurs conservateurs, ont publié une lettre demandant à Bernanke et Paulson de « s’abstenir d’organiser, avec l’argent du gouvernement, des renflouements supplémentaires de sociétés financières. Ces renflouements fédéraux massifs mettent en danger les contribuables, avec des prises de risques de plusieurs dizaines de milliards de dollars », ce qui crée « un problème moral en absolvant les sociétés ayant pris des risques excessifs plutôt que de les punir. »
Le dirigeant de la minorité républicaine à la Chambre, John Boehner, a déclaré à la presse que l’administration Bush a refusé d’envoyer quelqu’un pour rencontrer le RSC. « Moi, ainsi que tous mes collègues du Congrès, sommes inquiets de ce manque d’information et de cette absence de consultation. Nous sommes une branche du gouvernement et nous avons droit à être informés. »
Il est notable que l’administration Bush refuse de rencontrer les représentants au Congrès de son propre parti, ce qui a inspiré à Lyndon LaRouche le commentaire suivant : « Certains appelleraient cela de la corruption de haut niveau. C’est difficile d’accuser le président d’un tel acte car sa seule faute est probablement d’être stupide. Il faut lui accorder sa stupidité, il n’est pas vraiment avec nous. Parfois, en le voyant faire, on pourrait penser qu’il était un cocaïnomane. »
Maintenant que la bataille que le Comité d’action politique de LaRouche (LPAC) a catalysée est ouvertement engagée, le LPAC entend plus que jamais jouer son rôle, qui sera décisif, en mobilisant la population.
[*] Etablie à l’origine par Hoover pour renflouer les banques en faillite, la RFC a été transformé par l’administration Roosevelt en un outil majeur de sa politique de défense de l’intérêt général. Entre 1933 et 1945, la RFC a alloué 33 milliards de dollars (plus de 1200 milliards en dollars d’aujourd’hui) de crédit public pour le redressement judiciaire du système bancaire, les grands travaux d’infrastructure, et la mobilisation économique de guerre. Pour plus de détail sur la RFC, lire How Roosevelt’s RFC Revived Economic Growth, 1933-45, dans l’EIR du 17 mars 2006