Alors que la presse internationale s’est beaucoup intéressée à la visite à Pékin de l’amiral Dennis Blair, le commandant de la Septième flotte américaine (dans le Pacifique), la diplomatie russo-chinoise est passée plutôt inaperçue pendant ce temps. En dépit des incertitudes de la situation russe, ces derniers mois, le « partenariat stratégique » entre la Russie et la Chine s’est développé, surtout dans les domaines militaires et de la haute technologie.
Le 1er mars, le Président russe en exercice Vladimir Poutine a accueilli le ministre chinois des Affaires étrangères Tang, en visite à Moscou pour trois jours, en affirmant que les relations entre Moscou et Pékin « sont décisives pour résoudre le problème de la stabilité dans le monde (...). La coopération entre la Russie et la Chine est unique au vu de son envergure et de son intensité, à l’extérieur des frontières de la CEI. » Tang a transmis à Poutine une invitation personnelle du président Jiang Zemin à visiter la Chine à « tout moment lui convenant ». En fait, le Kremlin a indiqué que la Chine serait le premier pays étranger visité par Poutine après sa victoire attendue à l’élection présidentielle du 26 mars en Russie.
Alors que Tang était à Moscou, une délégation russe de haut niveau se trouvait à Pékin, emmenée par Ilya Klebanov, vice-premier ministre chargé du complexe militaro-industriel, et comprenant le ministre des questions atomiques Evgeni Adamov, le ministre du Commerce Michael Fradkov et le responsable de l’Agence aérospatiale russe Victor Kalyuzhny. Entre autres choses, Klebanov a eu des pourparlers avec le vice-président du Comité militaire central, le général Zhang Vannian.
Lors d’une réunion avec Jiang Zemin, Klebanov a déclaré que sa visite visait à préparer la future visite de Poutine, qui attachait une « extrême importance » au partenariat stratégique sino-russe. Jiang, en retour, a qualifié ce partenariat de « politique historiquement correcte » et a remercié la Russie pour son soutien à la position de la Chine sur la question de Taïwan. Les achats de navires de guerre russes et d’autres matériels militaires depuis douze mois ont fortement pesé dans l’amélioration significative des capacités navales et aériennes chinoises, et les deux pays ont promis de coopérer par des réponses « symétriques et asymétriques » aux programmes de défense anti-missile NMD et TMD proposés par les Etats-Unis.
En dehors des questions de coopération militaire, il a été question du projet sino-russe de construire une nouvelle génération d’avions civils, du soutien russe à une station spatiale chinoise habitée, de la construction d’un oléoduc reliant la Russie à la Chine via la Mongolie et de l’équipement russe des centrales nucléaires chinoises.
Parallèlement à cet échange entre Moscou et Pékin, le président de la Douma russe Genady Seleznyov s’est rendu en Inde où il a rencontré le Premier ministre Vajpayee et le ministre des Affaires étrangères Djasvant Singh, pour préparer la visite du Président russe à New Delhi, prévue pour cette année-. l’occasion de laquelle les dirigeants indien et chinois doivent signer une nouvelle déclaration de partenariat stratégique.