Paris, le 15 mai (Nouvelle Solidarité)—Le Président sénégalais, Abdoulaye Wade, a décidé de prendre le taureau de la famine par les cornes. Le 19 avril, alors que le Sénégal était secoué par les émeutes de la faim, il décidait de lancer un grand chantier non seulement pour nourrir tous les Sénégalais à leur faim, mais aussi pour générer des excédents agricoles. Les récentes émeutes de la faim ont été provoquées par la hausse de 45% du prix du riz, ainsi que par la cupidité des spéculateurs. Ainsi, des bateaux chargés de riz, amarrés aux côtes sénégalaises et les marchands de riz au pays même, ont préféré garder la marchandise pour spéculer sur la hausse de prix, plutôt que de la rendre disponible à la population qui en avait besoin !
C’est pour mettre un terme à cette situation qu’Abdoulaye Wade a lancé, le 19 avril dernier, la « Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance » (GOAMA), un grand programme national ayant pour but de satisfaire tous les besoins du pays en produits alimentaires et permettant aussi de remplir les greniers. D’ici l’hiver prochain, le Sénégal devrait pouvoir produire 2 millions de tonnes de maïs, 3 millions de tonnes de manioc, 500000 tonnes de riz et 2 millions de tonnes d’autres céréales tel le sorgho, le mil, etc. Ce programme devrait également fournir 400 millions de litres de lait et 43 500 tonnes de viande.
Pour y arriver, a dit Wade, le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour mettre à la disposition des producteurs des semences de qualité, de l’équipement déjà importé de l’Inde ainsi que d’autres commandes qui ont été passées depuis. Wade a aussi incité les ministres, les hauts fonctionnaires, les cadres et les chefs d’entreprise, à cultiver au moins 20 hectares de terre. Il a également annoncé que des bateaux arrivaient avec de l’Urée pour produire des fertilisants. « Pourquoi est-ce possible de faire cela ? Parce que nous avons prouvé que nous pouvons le faire », a dit le Président, rappelant comment en 2003, le pays avait accru les cultures de manioc et de mais de pratiquement 10 fois, grâce à une politique volontariste.
Pour une région en voie d’appauvrissement comme celle de Diourbel, l’une des 14 régions du Sénégal avec une population de 100000 habitants, ce projet pourrait changer la donne. Il s’agit de produire 220 000 t de manioc, 120 000 t de mil, 15 000 t de sorgho, 56000 t de niébé, 6000 t de viande et 55 millions litres de lait. En termes d’équipement, la région aura besoin de 170 charrettes fourragères, 130 citernes à eau, 34 magasins de vente d’aliment de bétail, 34 centrales d’achat pour les éleveurs, 34 aires d’abattage modernes, 37 aires d’exploitation de peaux et de cuirs, 110 motos faucheuses. A long terme, il faudra réhabiliter 4 abattoirs et construire un centre secondaire d’insémination artificielle à Diourbel, plus une unité de transformation et de conservation du lait.
« Si nous consommons ce que nous produisons sur place, les difficultés de l’heure seront amoindries », a précisé le Président de région, M.Mamadou Ibrahima Lô. On voit qu’il suffirait de peu pour que toute la population mondiale se nourrisse à sa faim.