Alors que le Financial Times affirme que l’autosuffisance alimentaire régionale est « une idée mauvaise et mortelle », Michel Barnier, le ministre français de l’Agriculture, dans un entretien avec ce même quotidien suggère que l’Afrique et l’Amérique Latine créent « leurs propres versions de la Politique agricole commune (PAC) », un système protectionniste avec des prix paritaires, inspiré à l’origine par l’exemple de ce qu’avait fait Franklin Delano Roosevelt en 1933.
Afin de permettre à ces régions de faire face à la crise alimentaire, Barnier propose que L’UE apporte financement et savoir-faire pour les aider à créer leur propre PAC, « financée pourquoi pas,grâce à une redirection de l’aide au développement ». Les pays pauvres ne doivent plus privilégier l’exportation de leur production agricole au détriment des cultures vivrières vitales à leurs populations.
Barnier souligne que l’UE n’accepte pas que la PAC soit désignée comme le grand coupable des désordres croissants sur les marchés agricoles et des émeutes de la faim. La France compte utiliser la présidence tournante de l’UE, qu’elle occupera dès juin, pour lancer un débat sur l’avenir de la PAC après 2013. Si en 1985 la PAC représentait à elle seule 81% du budget de l’UE, elle ne représentera plus que 37% en 2013. Pour Barnier, au regard de la crise alimentaire mondiale actuelle, il est encore trop tôt pour déterminer si une telle baisse doit être acceptée ou pas.
Il a par ailleurs déclaré qu’il « n’était pas sûr » que l’OMC soit « le lieu approprié pour discuter de la relation entre la nourriture et l’agriculture » et que l’on devait se poser la question de quel serait le meilleur forum pour cela. Barnier rejoint ici, à sa façon, LaRouche quand ce dernier affirme que la remise en question de l’OMC et du libre-échange est un premier pas important pour résoudre la crise alimentaire mondiale.
Le Financial Times a exprimé dans son éditorial, son grand mécontentement vis à vis de l’initiative française : « Dans le lot des mauvaises idées, celle-ci représente vraiment le bouquet »(…) Barnier défend la « préférence communautaire », une manière de défendre les barrières douanières absurdes qu’il pourrait encore accroître. En tout cas, si les prochaines négociations de l’OMC à Doha échouent, « on saura à qui on le doit ».
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