3 février 2009 (Nouvelle Solidarité) - Une controverse a éclaté au sein de l’OTAN concernant la guerre à la drogue en Afghanistan : faut-il en finir avec la production d’opium, dont les revenus du trafic financent grassement les Talibans ? Le 28 janvier, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel a laissé filtrer le contenu d’une directive confidentielle du commandant de l’OTAN, le général américain John Craddock, qui donne mandat aux troupes de l’Alliance de s’attaquer aux trafiquants de drogue, que leurs liens avec la mouvance taliban ou d’autres insurgés soient avérés ou non.
Cette directive avait été transmise le 5 janvier au général Egon Ramms, le général allemand commandant les unités déployées en Afghanistan depuis la base de Brunssum, aux Pays-Bas. La lettre, citée par le Spiegel, stipule qu’« il n’est plus nécessaire de disposer d’indices prouvant que chaque trafiquant ou filière de drogue en Afghanistan correspond au critère de cible militaire ».
Le général Craddock précise également que les ministres de la défense de l’OTAN lui ont donné, lors de leur réunion en octobre 2008, le feu vert pour traquer les trafiquants de drogue. L’obtention d’un tel mandat était réclamée avec insistance par des officiers de l’armée américaine, mais refusée par les Britanniques.
Der Spiegel prétend que de hauts gradés de l’OTAN, dont le général Ramms et le général David McKiernan, commandant de toutes les forces terrestres et américaines en Afghanistan, s’opposeraient à la directive de Craddock, ce qui paraît invraisemblable dans le cas de McKiernan. La controverse provoquée par cette fuite organisée vise à saboter le changement de cap entamé par l’OTAN, en raison des preuves multiples que le commerce de l’opium finance la machine des Talibans.
Dans un discours récemment prononcé devant le Conseil atlantique à Washington, le général McKiernan confirma justement ce rôle de la drogue dans l’insurrection. Auparavant, l’ancien « tsar » anti-drogue du Président Clinton, le général Barry McCaffrey, avait nommément accusé les Britanniques de saboter les efforts américains visant à éradiquer la culture du pavot.
La presse anglaise, ainsi que des parlementaires verts allemands, se sont précipités sur l’affaire pour exiger le départ du général Craddock.
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