Lorsqu’un valet de l’oligarchie financière doit, à sa manière, confirmer nos analyses.
C’est le titre qui nous vient à l’esprit à la lecture de la rubrique bien informée de Jacques Attali, dans l’Express, qui arrive comme un véritable aveu lucide mais terriblement pessimiste :
« Vortex »
« Que l’assassinat d’une dirigeante de l’opposition dans un pays du Sud secoue gravement les marchés financiers d’Asie, et avec eux, ceux du monde entier, révèle l’extrême fragilité de la planète. Certes, le Pakistan n’est pas un pays comme les autres : puissance nucléaire, point de passage obligé de l’essentiel du gaz du monde, en première ligne dans le combat contre l’islamisme tout en étant un des repaires du terrorisme, sa déstabilisation peut conduire à une catastrophe. Mais, au-delà, c’est le monde entier qui semble aller au précipice. Comme si se préparait la collision de trains lancés à vive allure. Comme si, ainsi qu’en un vortex, ce tourbillon de l’eau s’écoulant au fond d’une baignoire, convergeaient cinq dangers.
- Un système financier mondial en faillite. Outre les subprimes, bien d’autres dettes circulent, et nul ne sait comment les banques les honoreront : celles de hedge funds, des sociétés de rehaussement de crédit, des fonds de LBO et des détenteurs de cartes de crédit forment une pyramide au montant très supérieur à celui des fonds propres des banques, qui seraient depuis longtemps fermées si les banques centrales ne les finançaient à guichets ouverts.
- Un système politique américain à l’abandon, pour un an, en raison des élections, et qui ne fera rien pour réduire ses déficits ou stabiliser sa monnaie.
- Une Union européenne en déshérence, avec une Italie financièrement à la dérive, au point que l’existence même de l’euro pourrait être remise en question par les spéculateurs attaquant la trésorerie de Rome.
- Un Moyen-Orient sans espoir, où Palestiniens et Israéliens continuent d’attendre que l’autre veuille bien disparaître de la surface de la terre pour le reconnaître.
- Une pauvreté qui ne fait qu’augmenter, partout, déclenchant des vagues de désespoir et des mouvements de population croissants.
Tous ces dangers peuvent entrer en résonance, la crise financière aux Etats-Unis entraînant le retrait de la puissance américaine, causant l’explosion de l’euro et transformant le Moyen-Orient en champ de bataille où se rejoindront toutes les misères. »
Enfin, et c’est dans sa conclusion que Jacques Attali, toujours croyant à une solution venant de l’intérieur du système actuel, confond moyenne statistique et réalité du monde, en écrivant :
« Et pourtant, la croissance mondiale est là, si puissante qu’elle peut tout résoudre. Comme une baignoire qui se remplirait encore, pendant que d’autres tentent de la vider. »