16 septembre 2008 (LPAC) — Le Conseil regroupant les ministres de l’Economie et des Finances (Ecofin) des Etats membres de l’UE, n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une stratégie de survie lors du sommet de Nice, les 12 et 13 septembre. Le plan présenté par le ministre italien Giulio Tremonti, consistant à faire appel au crédit public pour investir dans les infrastructures et l’énergie, fut rejeté, bien qu’il soit prévu de mener une étude de faisabilité dont les résultats seront présentés avant la fin de l’année.
Lors du séminaire international d’Ambrosetti, le 7 septembre, Tremonti avait proposé que la Banque européenne d’investissement (BEI) augmente son capital pour financer ce genre de projets. « L’économie est partout en crise en Europe ; seuls de grands investissements publics peuvent tirer l’Europe de la crise », avança-t-il.
Les actionnaires de la BEI, fondée en 1958, sont les 27 pays membres de l’UE, dont la part est proportionnelle à leur importance respective. L’Allemagne, l’Italie, la France et le Royaume Uni disposent chacun de 16,1% des actions, suivis par l’Espagne avec 9,7% et la Belgique et les Pays-Bas avec 4,4% chacun, etc. jusqu’à Malte, le plus petit actionnaire avec 0,04% des actions. Le conseil des gouverneurs de la Banque, dont le capital actuel s’élève à 164,8 milliards d’euros, se compose des ministres des Finances des Etats membres.
Si Tremonti et d’autres pensent que la BEI pourrait être l’équivalent d’un « fonds souverain européen », la BEI, par ses statuts, est un instrument commun aux gouvernements nationaux, sans être au service d’un organisme supranational. Bien qu’incapable d’atteindre son objectif, l’intention sous-tendant ce projet est bonne : la création de crédit public pour l’infrastructure productive suivant le modèle de Franklin Roosevelt.
Si l’Italie était un pays souverain, la proposition de Tremonti serait déjà appliquée au niveau national dans ce pays. Mais la structure, de type « tour de Babel », de l’UE interdit aux Etats membres de se doter d’instruments de crédit productif. Même si le consensus pour faire sauter ce verrou par une politique d’équipement gagne du terrain, tout changement du système nécessite l’accord de tous les Etats membres de l’UE. L’opposition d’un seul suffit donc pour bloquer toute initiative en ce sens. A Nice, d’après le quotidien italien Il Sole 24 Ore, le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a déclaré le 12 septembre : « J’ai reçu et j’ai lu les deux pages soumises par Tremonti pour présenter son idée. Je n’ai pas l’intention de faire de commentaire. » Et il ajouta : « En général, nous ne sommes pas favorables à un changement structurel des institutions européennes comme la BEI. »
A la place du plan Tremonti, un autre projet a été adopté, jugé plus créateur d’emplois dans l’immédiat. Il s’agit d’accroître les crédits annuels de la BEI de 5 à 7,5 milliards d’euros en faveur des petites et moyennes entreprises. Lors de la conférence de presse, Tremonti précisa qu’il avait dû convaincre Steinbrück qu’il n’avait pas l’intention de remettre en cause le Pacte de stabilité. Il souligna une fois de plus que l’Europe a besoin d’une politique d’investissement public dans le domaine des infrastructures et de l’énergie, en particulier le nucléaire. Quant au résultat final de l’Ecofin, il a commenté que les réactions de l’UE « ne sont pas instantanées » et qu’« il vaut mieux commencer que retarder ».
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