17 juillet 2008 (Nouvelle Solidarité) — Le 15 juillet, le ministre italien de l’Agriculture Luca Zaia, sur le site du ministère, a qualifié de « sournois » les propos de Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce.
« 153 pays sont membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2001, il s’agissait d’accords multilatéraux ; maintenant que la question devient unilatérale, nous nous faisons massacrer. De mon point de vue, l’accord qui est sur la table à Genève ne doit pas être signé car il implique le massacre de l’agriculture et la célébration de son enterrement. »
Dans le texte en discussion, la liste des « produits tropicaux » dont on envisage de supprimer les tarifs douaniers comprend les agrumes, le riz, les tomates et même les pommes de terre…
« Prenons le cas du riz, sur lequel existe aujourd’hui une subvention de 170 euros la tonne. [La supprimer] impliquerait la disparition en Italie de la culture du riz ainsi que l’abandon de la sécurité alimentaire et de l’histoire d’un territoire. Cela implique l’abandon de la culture d’agrumes, de tomates et de beaucoup d’autres cultures pour bon nombre d’autres régions italiennes. Ils appliquent une politique qui fera de l’Europe une région complètement dépendante en matière alimentaire »
Le ministre poursuit : « Nous n’acceptons pas du tout le texte proposé à l’OMC. Je ne suis pas le liquidateur du premier secteur [l’agriculture] italien. Nous mènerons la bataille jusqu’au bout, contre la destruction, menée d’une façon scientifique, d’un secteur productif. Nous sommes en bonne compagnie, car bon nombre d’Etats membres de l’UE nous soutiennent et nous les soutenons, comme la France et l’Espagne. »
Zaia s’est entretenu récemment avec Joe Borg, le Commissaire européen de la Pêche, pour discuter de l’interdiction de la pêche au thon rouge en mer Méditerranée. Zaia et la délégation italienne ont demandé à avoir accès aux données scientifiques justifiant de telles mesures, ce que Borg a refusé. « Nous prenons note du refus du Commissaire Borg de motiver son interdiction. Ce refus représente une insulte sérieuse à un Etat membre et remet en question l’existence même de notre relation et d’un traité. En ce qui concerne l’Italie, le quota des 4116 tonnes de thon rouge auquel nous avons droit, n’est pas atteint. »
Zaia a dit que l’Italie n’acceptera pas l’interdiction et compte rappeler à « tout le monde que nous défendons des ressources qui viennent des poches de citoyens italiens. »
« Si le traité de Lisbonne entrait en application, les membres individuels de l’UE n’auraient plus de droit de veto et les problèmes, déjà visibles, entre les gouvernements des Etats et la Commission, seraient plus graves. »
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