Dans un discours à l’université de Pékin le 6 juin, le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee, a déclaré que son gouvernement était prêt à assurer la paix et la stabilité en Asie et au-delà, en s’alliant avec la Chine pour créer une nouvelle architecture sécuritaire. Cette structure prendrait en compte les conditions prévalant en Asie, dans un cadre « ouvert et inclusif », suffisamment flexible pour s’accommoder de la grande diversité asiatique, a-t-il ajouté.
La déclaration de M. Mukherjee est significative pour plusieurs raisons. Tout d’abord, avec l’expression « et au-delà », il inclut, consciemment, la Russie et les autres pays eurasiatiques. Ensuite, la discussion sur les sujets sécuritaires a toujours été conduite, en Inde et en Chine, de manière fort discrète, chacun pensant avoir des préoccupations propres en la matière.
En définissant cette nouvelle architecture comme « ouverte et inclusive », le ministre indien des Affaires extérieures a proposé que la sécurité soit discutée au sein de différents forums, comme l’ASEAN, la Conférence sur les mesures d’interaction et de confiance en Asie, ou encore l’Organisation de la coopération de Shanghai (SCO). « L’Inde et la Chine devraient tenter d’établir ensemble un nouveau cadre à partir de ces éléments de base » déclara-t-il. Ceci permettrait aux deux partenaires d’aborder des préoccupations communes, comme la sécurité des voies de communication maritimes, qui sont primordiales pour les échanges commerciaux et énergétiques dans la région, et pour l’avenir des nations.
M. Mukherjee, l’architecte de la nouvelle politique étrangère de l’Inde, a abordé la question des frontières de façon inattendue. Le 5 juin, quand il s’est envolé pour la Chine, les observateurs indiens étaient d’avis qu’il ferait pression sur Pékin pour accélérer la résolution de ce conflit vieux de cinquante ans. Mais il a préféré déclarer aux étudiants : « Nous devons être patients au sujet des frontières. La Chine et l’Inde devraient travailler ensemble sur les questions sécuritaires de la région. Nos deux pays ont une responsabilité commune et un intérêt commun à préserver nos frontières. Nous avons acquis l’expérience nécessaire pour maintenir la paix et la tranquillité à nos frontières. » Voilà justement la formulation invoquée depuis des années par les dirigeants chinois.
La Russie, l’Inde et la Chine, qui se savent être les premières cibles de l’offensive globale menée par la Grande-Bretagne, ont commencé à exprimer leur détermination à contrecarrer ces projets, comme au récent sommet des ministres des Affaires étrangères les 15 et 16 mai à Catherinenbourg, en Russie. Les entretiens de M. Mukherjee à Pékin s’inscrivent dans ce contexte.
On constate aussi un angle intéressant de leur diplomatie en Afrique et au Moyen-Orient. Alors que la Chine est impliquée depuis des années dans des projets de développement avec les pays africains, aujourd’hui, avec l’effondrement du système économique à domination occidentale, l’Inde et le Japon se sont engagés à leur apporter une aide accrue, en particulier pour assurer la production et la sécurité alimentaires.
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