16 décembre 2007 (LPAC) - Après que les banques centrales aient décidé pour la énième fois d’injecter des liquidités pour faire face à la crise financière internationale, l’hystérie est en train de s’emparer d’une bonne partie de la presse anglo-américaine. Plusieurs articles de journaux du 16 décembre en rendent compte, et même si leur analyse est biaisée, ils témoignent tous d’une compréhension que la crise est plus grave qu’ils ne le pensaient au début, et que les banques centrales n’ont aucun plan de sauvetage.
L’éditorial du Washington Times, intitulé « Desperate Times », explique que « la dernière fois que les marchés financiers internationaux étaient menacés de paralysie généralisée », c’était en 1998 lors de l’implosion du fonds LTCM. Mais dans la situation actuelle, toutes les actions entreprises par la Réserve Fédérale n’ont pas suffi à enrayer le vent de panique qui s’est abattu sur le monde la finance. L’effondrement du marché des subprimes a entraîné des pertes pour les plus grandes banques, à hauteur de 75 milliards de dollars. L’auteur de l’édito prédit que les pertes liées aux subprimes pourraient bien aller jusqu’à 500 milliards étant donné que « les acteurs des marchés ne savent pas combien de déchets toxiques chaque banque détient ». Et il conclut : « Il n’y a aucune certitude que les efforts désespérés entrepris par les plus grandes banques centrales du monde suffisent. »
Un article du Washington Post par David Ignatius s’intitule : « Ce que craignent les banquiers. » Il raconte comment la nervosité des banquiers centraux les a amenés à inonder les marchés de liquidités. Le but n’est pas d’éviter la récession économique, mais d’en mitiger les effets. Mais le vrai problème est que les banques ne se font plus confiance, et personne ne sait quoi faire, car « personne ne connaît réellement la valeur de certains titres financiers adossés à des hypothèques, que tout le monde possède ». Les banques ne trouvent plus de financements, et elles ne prêtent plus.
Trop d’acteurs financiers sont vidés et ne savent plus vers qui se tourner. « Les marchés devront sombrer encore un bon moment, hélas, avant que les vautours n’emportent les débris et qu’on puisse entreprendre un processus de reconstruction. »
Un autre article du Washington Post s’intitule : « Tout va bien dans l’Etat de Déni » ; il nous informe que dans le comté de Prince George, Maryland, les maisons restent en moyenne plus de trois mois sur le marché avant de trouver preneur, et le nombre de maisons invendues a doublé depuis 2006. En août dernier, les deux-tiers des personnes qui avaient versé un accompte pour l’achat d’une maison ont finalement abandonné les démarches.
A Washington D.C., au cours du troisième trimestre 2007, 79 maisons sur 10 000 se sont faites saisir, contre 11 sur 10 000 pour la même période en 2006. Les élus des comtés de Loundoun et de Fairfax ont dit que leur budget serait réduit de 200 millions de dollars l’an prochain, à cause de la chute des prix de l’immobilier.
Dans le Financial Times, un article de Wolfgang Munchau nous prévient : « Tenez-vous bien, les banques centrales n’ont aucun plan. » Quand les banques centrales sont arrivées avec leur plan d’injection de liquidités la semaine dernière, « le but était de rassurer les marchés, mais ça a eu l’effet inverse. Il s’est avéré que les acteurs des marchés ne sont pas stupides à l’infini ». Les banquiers et les investisseurs sont « au bord de la faillite, certains ne tiennent plus que par le petit doigt. Mais les banques centrales ne proposent rien qui puisse nous sortir de cette crise de solvabilité ».
Le verdict est sans appel : « Attendez-vous à un des tensions continues sur les marchés financiers pour la plus grande partie de l’année prochaine et peut-être au-delà. Attendez-vous à (...) ce que l’économie réelle soit touchée ».
Pendant ce temps, Alan Greenspan, l’homme qui a tout fait pour créer cette hyperinflation quand il dirigeait la Réserve Fédérale, demande à continuer de balancer de l’argent sur les marchés. Interviewé dans l’émission This Week sur ABC News, il a dit qu’il fallait aider les propriétaires ayant des problèmes avec leurs hypothèques, mais « sans affecter les marchés ». Pour cela, il faut « utiliser l’argent du gouvernement ». Il ne faut pas que le gouvernement touche aux taux d’intérêt ou au prix des maisons, il doit se contenter d’injecter du cash, même si ça aura quelques répercussions sur les impôts...
Aucun doute, rien de tel pour sauver les spéculateurs.