Interrogé le 15 août par le quotidien Libération sur la crise des marchés boursiers, l’ancien conseiller du président Mitterrand Jacques Attali a appelé
Paris, le 15 août (Nouvelle Solidarité) - Interrogé le 15 août par le quotidien Libération sur la crise des marchés boursiers, l’ancien conseiller du président Mitterrand Jacques Attali a appelé à une plus grande régulation et à des mesures de « transparence immédiate et permanente », car « Personne ne sait qui possède quoi et qui doit de l’argent à qui ».
Selon l’économiste « Cette crise révèle au grand jour une situation que quantité d’observateurs considèrent depuis longtemps comme intenable. Le point fondamental, c’est que les Etats-Unis, la première hyperpuissance économique de la planète, n’épargnent plus depuis longtemps et s’en remettent entièrement à l’emprunt pour financer leurs investissements publics et privés. ». Cette politique conduit, selon lui, à « la désindustrialisation du pays. Les activités traditionnelles ont cédé le pas à la finance, tout simplement parce que les industries n’offrent plus une rentabilité suffisante à un système financier proliférant, excessif et sans contrôle. Résultat, l’économie américaine est poussée vers des investissements toujours plus spéculatifs et risqués, comme avec l’immobilier. Ce à quoi l’on vient d’assister est un soubresaut - et certainement pas l’effondrement final - de cette économie-casino. »
Interrogé sur l’origine de cette boulimie de la part des financiers, Attali répond que la quête des fonds de pension à la recherche des marges de profit toujours plus grands a conduit l’Amérique à « ne compter que sur une valorisation de plus en plus fictive de ses actifs immobiliers et boursiers, largement déconnectée de l’économie réelle. Que ces marchés viennent à se retourner comme actuellement dans l’immobilier et c’est tout le système qui menace de s’effondrer. »
« Pour limiter les risques, chacun essaie de se couvrir. Les banques se débarrassent à toute vitesse de leurs prêts en les revendant à des acteurs moins regardants. A tel point qu’on ne sait plus qui possède quoi et qui doit de l’argent à qui ! Les banques, les fonds en tous genres, les entreprises, plus personne ne sait à qui ils doivent de l’argent ou auprès de qui exiger une créance. C’est le chaos le plus total et logiquement, plus personne ne contrôle rien. L’urgence serait d’imposer une transparence immédiate et permanente sur les propriétaires de chaque créance. »
Pour sa part, l’ancien ministre français des Finances Laurent Fabius s’en est pris le 15 août au « manque de clairvoyance des spécialistes », dont ceux de la BCE, affirmant que le rôle des régulateurs et des agences de notation consiste à faire en sorte que « l’exposition directe et indirecte aux risques du ‘subprime’ des différents opérateurs » soit « rapidement rendue transparente par une opération vérité. »
Jacques Attali, qui reste optimiste, pense qu’il « faudrait bien sûr réguler. Or que font les places financières ? Elles se livrent une concurrence féroce pour attirer les investisseurs et au lieu d’améliorer les règles, les réduisent. Chacun veut être un paradis fiscal et même financier ! Entre Londres et New York, c’est à qui fera preuve du plus grand laxisme réglementaire. »
Concernant l’intervention des banques centrales, l’économiste souligne que « en injectant de l’argent, les banques centrales n’ont pour l’instant fait qu’entretenir le malade, pas le soigner. C’est comme un drogué en manque, il faut d’abord lui donner de la drogue pour ne pas qu’il meure. Mais elles ne doivent pas se limiter à ce rôle de dealer ! Il ne faudrait pas que, une fois cette crise passée - car elle passera -, on l’oublie et on passe à autre chose. Elle doit être l’occasion de comprendre que le monde ne peut être gouverné par la finance, que les nations occidentales devront se doter de moyens de conserver les centres de commandements de leur industrie et de leur recherche. »
Si même Jacques Attali en vient à faire ce type de déclaration, c’est que tout le monde au sein du système doit se préoccuper de la situation et que les institutions vont devoir prendre des décisions. Mais la naïveté de façade qu’affiche M. Attali est presque touchante : comme si la crise actuelle était venue avec la dernière pluie. Jacques Attali a encore du travail s’il veut rendre service au peuple et aux générations futures, car si le jeu politique est d’être pris dans la bonne position, il ne propose ni changement de cap, ni de mesures d’urgence pour éviter le pire. A l’heure actuelle en France, seul Jacques Cheminade a jeté les bases d’une action à la hauteur des circonstances.
Lire et imprimer la dernière déclaration de Jacques Cheminade : Face à la désintégration financière
S’inspirer de son projet 2007 : Mon projet contre les puissances de chantage du fascisme financier