Le 14 avril 2008 (LPAC) — Tous ceux qui espèrent relancer un processus de paix au Proche Orient suivent avec intérêt la visite de l’ancien président américain Jimmy Carter et en particulier sa volonté de s’entretenir avec les représentants du Hamas en Syrie, avec lesquels il s’était déjà entretenu en 1996 et en 2000. Depuis l’arrivée de l’ancien président le 13 avril, le gouvernement israélien, pour sa part, se retrouve plutôt dans l’embarras.
Carter se rend bien compte de l’importance de son geste, et il a déclaré à la chaîne de télévision américaine ABC : « Je pense qu’il est très important qu’au moins une personne rencontre des dirigeants du Hamas afin de comprendre leur point de vue et d’évaluer de quelle marge de manœuvre ils disposent pour faire cesser les attaques contre des civils innocents en Israël, de les amener à coopérer avec le Fatah, formant ainsi un seul groupe capable d’unifier les Palestiniens ; peut-être même d’accepter un cessez-le-feu, des choses de ce genre. Personne ne doute du fait que si un jour Israël désire établir une paix juste avec ses voisins proches, les palestiniens, alors le Hamas doit être inclu dans le processus. »
Carter ajouta qu’un sondage récent indique que 64% des Israéliens sont en faveur un dialogue avec le Hamas. Le Bloc de la paix (Gush Shalom), âme du mouvement de la paix en Israël, a adressé une lettre ouverte félicitant Carter de sa décision de rencontrer Khaled Meshaal et d’autres dirigeants du Hamas, à Damas. Son fondateur, l’écrivain pacifiste de la gauche israélienne Uri Avnery, souligne qu’« Il aurait été dans l’intérêt de nous tous, Monsieur le Président, que vous vous soyez rendu à Damas avec un mandat explicite du gouvernement israélien ainsi que de votre successeur à la Maison Blanche. Mais même sans mandat officiel, vous vous rendiez à Damas avec les salutations chaleureuses et l’entier soutien des partisans de la paix en Israël. »
Après avoir montré l’échec de la politique israélienne de boycott du Hamas (politique appuyée par l’administration Bush-Cheney) Avnery a prié le gouvernement israélien « de profiter du statut et du prestige de l’ancien président américain pour mettre un terme à la souffrance et de cesser de verser inutilement le sang des deux peuples. On pourrait également entreprendre un échange de prisonniers, qui permettrait la libération du soldat israélien Gilad Shalit, ainsi que celle d’un nombre significatif de prisonniers palestiniens. »
L’enjeu est également de mettre un terme aux conflits fratricides entre le Hamas et le Fatah qui déchirent les Palestiniens. Carter s’est entretenu avec les parents du soldat Gilad Shalit, qui lui en furent très reconnaissant, ainsi qu’avec l’ancien négociateur de la paix d’Oslo, l’ancien ministre de la justice et dirigeant du Meretz, le parlementaire Yossi Beilin.
Pour sa part, le gouvernement israélien a été beaucoup plus circonspect et quand Carter a rencontré le président israélien Shimon Peres, ce dernier s’est dit consterné par la volonté de l’ancien président de rencontrer le Hamas lors de sa visite à Damas.
Selon le quotidien israélien Ha’aretz, le service secret israélien Shin Bet, dans un geste d’irritation marqué, a refusé d’assister l’équipe de sécurité de l’ancien président américain.