24 septembre 2007 (Nouvelle Solidarité) - Dans une interview à Libération (24/09) James Galbraith, fils de John Kenneth Galbraith, un économiste américain proche de Franklin Delano Roosevelt décédé il y a quelque temps, s’en prend à la corruption des marchés et appelle à de nouvelles régulations pour protéger l’intérêt public. Toujours loin de ce qu’il faudrait pour faire face à la crise systémique qui est devant nous, son analyse nous permet de mieux comprendre la situation actuelle et ses solutions vont dans le sens de ce que propose l’économiste américain Lyndon LaRouche pour en sortir.
Réagissant à l’une des questions portant sur le fait que tous les « oracles » de l’économie nous disent qu’il ne faut pas craindre un krach à la 1929 car les « fondamentaux sont bons » et la « croissance mondiale solide », Galbraith a dit « on disait la même chose avant la crise de 1929. Les années 20 connurent le plein emploi sur fond de croissance insolente et de spéculation boursière, à l’image des années 90.... » « Le cycle actuel est similaire. Depuis 1995, les Etats Unis connaissent une période de croissance à crédit, financée par les dettes privées des particuliers et des entreprises à la faveur d’abord de la bulle Internet, gonflée par des « business plans » reposant sur du vent, puis de cette bulle immobilière financée, elle, par les crédits hypothécaires reposant sur du vol ».
Galbraith s’attaque ensuite aux injections de centaines de milliards d’euros et de dollars par les Banques centrales destinées à sauver les banques qui ont multiplié les opérations aventureuses, et qui équivalent à « absoudre les banques de tous les péchés ». Galbraith appelle à une « réforme approfondie du marché des capitaux. Car l’instabilité n’a pas toujours été de mise ! Des années 50 aux années 70, par exemple, on n’avait presque pas ce genre de problème. Il existait un système de régulation publique qui était assez fort. Depuis les années 90, on est revenu aux années 20, à la régulation par le marché, et l’on voit ce que cela donne : on va de bulles en bulles et de krach en krach ».
« Reformer aujourd’hui », continue Galbraith, « c’est un peu appliquer de la criminologie à l’économie » il faut d’abord disséquer les preuves, remonter les chaînes. « Comme dans le circuit de l’argent sale de la drogue, quelles sont les banques qui ont recyclé ou injecté des fonds dans des institutions douteuses ? Enquêter sur les agences de notation, qui, une fois, de plus, n’ont rien vu venir et ont validé l’état financier d’instruments spéculatifs frauduleux. Créer une autorité indépendante, une sorte d’agence sanitaire appliquée aux banques et aux crédits, pour éviter que se referment de tels pièges. » A la question de savoir si ces crimes financiers peuvent être punis, Galbraith répond par l’affirmative, revenant sur la crise des caisses d’épargne où les autorités ont poursuivi un millier de financiers.
« Mais la vraie alternative », conclut Galbraith, « passe par un rééquilibrage où l’intérêt privé ne primerait plus sur l’intérêt public. Où la régulation se ferait au profit des particuliers, des petits consommateurs de produits financiers, et non plus des grands acteurs du marché. » Enfin questionné sur les prévisions de l’ancien patron de la Réserve Fédérale, Greenspan qui prédit « une crise économique virulente », Galbraith répond : « Il dit la vérité. Il n’est plus contraint, il ne déguise plus ses mots ».