3 février 2009 (Nouvelle Solidarité) - Alors que le gouvernement Obama cherche une autre politique vis-à-vis de l’Asie du Sud-Ouest, les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont engagés dans un champ de mines le 26 janvier, en approuvant la nouvelle liste d’organisations terroristes interdites par l’UE. Pour la première fois depuis 2002, n’y figure plus l’Organisation des Moudjahidins du peuple iranien (OMPI).
Cette décision implique que les 3500 militants armés de l’OMPI basée en Irak pourront obtenir en Europe le statut de « réfugiés politiques » et que leur organisation sera autorisée à recruter, à collecter des fonds et à monter des opérations contre l’Iran à partir du territoire européen. En Irak, où l’OMPI est accusée d’avoir perpétré, dans les années 1980 et 1990, des crimes contre des citoyens irakiens, en collusion avec Saddam Hussein, le gouvernement irakien a ordonné aux membres d’évacuer Camp Ashraf, leur quartier général en Irak, et de rentrer en Iran ou de se réfugier dans un pays tiers.
Suite à une décision prise par la Cour suprême britannique en juin 2008, supprimant l’OMPI de la liste des organisations terroristes, la Cour européenne de Luxembourg a fait de même en décembre, jugeant que l’UE n’avait plus le droit de geler les avoirs du groupe.
Le 14 janvier, des membres de l’organisation résidant en Grande-Bretagne et quelques membres du Comité du Parlement britannique pour la liberté en Iran avaient organisé une manifestation de protestation devant les bureaux de l’UE à Londres. Lord Corbett, le dirigeant de ce Comité qui avait recueilli la signature de 400 membres du Parlement britannique, demandant à l’UE de suivre l’exemple britannique sur ce point, s’était rendu à Washington l’année dernière pour tenter d’obtenir du soutien auprès du Congrès, mais sans grand succès. Par la suite, son comité concentra ses pressions sur l’UE, avec l’aide de parlementaires européens, notamment le vice-président Alejo Vidal-Quadras.
En Iran, où les dirigeants de l’OMPI sont recherchés pour attentats à la bombe contre des bus et assassinats de personnalités politiques de haut niveau, la décision de Bruxelles ne manquera pas d’attiser les tensions et pourrait pousser Téhéran à adopter une position plus rigide lors de la prochaine réunion sur le programme nucléaire iranien.
Les Etats-Unis ne suivent pas. Le 26 janvier, un porte-parole du département d’Etat, Robert WOOD, affirma que l’OMPI resterait sur la liste noire, rappelant que la décision américaine avait été prise au sein du département d’Etat « juste une semaine auparavant ». Le Président Barack Obama lui-même, lors de sa première interview télévisée le 27 janvier, sur la chaîne satellite Al-Arabiya de Dubaï, a affirmé sa volonté d’ouvrir un dialogue constructif avec l’Iran. Le 28 janvier, le chef d’Etat-Major de l’armée américaine, l’Amiral Mike Mullen, avait fait un pas significatif en direction de l’Iran, déclarant qu’ « Il est important d’engager un dialogue avec l’Iran, sur la base de nos intérêts mutuels. Il y a un potentiel pour aller ensemble de l’avant ». Le 2 février, le général John Craddock, Command militaire de l’OTAN, a évoqué la possible ouverture en Iran d’une voie d’acheminement logistique destiné aux troupes de l’Alliance en Afghanistan. Il semble donc que la manoeuvre des britanniques et de l’UE ait été lancée pour entraver le possible rechauffement des relations américano-iraniennes.
La France, ayant été à l’origine de l’inscription de l’OMPI sur la liste noire de l’UE, a déposé le 21 janvier un recours devant la justice européenne. Dans une discussion avec l’EIR, une source diplomatique a démenti les rumeurs selon lesquelles la France accueillerait des membres de l’organisation sur le sol national.
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