6 mai 2008 (Nouvelle Solidarité) — Voilà ce qui semble être le vrai message de Liam Halligan, l’économiste qui s’en est pris le 5 mai à Michel Barnier dans les colonnes du quotidien anglais The Sunday Telegraph, pour avoir osé défendre la Politique agricole commune (PAC).
Halligan n’a pas mâché ses mots, il a déclaré que « Barnier, n’est pas un second couteau. Ancien ministre des Affaires étrangères, c’est un proche de Sarkozy. On peut donc estimer que le gouvernement français propose précisément que ce système de protections tarifaires (la PAC), qui a tant fait pour miner la production mondiale de nourriture et qui a contribué puissamment à la flambée actuelle des prix, soit adopté par le reste du monde. Ce n’est pas seulement une mauvaise idée. C’est une idée tellement égoïste (et dangereuse) que tous les dirigeants politiques du monde devraient, en public, la déchirer en morceaux. Barnier – aussi bien que Sarkozy – devraient incliner leur tête de honte. »
En plus d’être « un journaliste », Halligan est aussi le chief economist de Prosperity Capital Management (PCM), un hedge fund spéculatif ayant siège aux Iles Caïman, ce paradis fiscal où l’on blanchit tout les trafics douteux et où se terrent plus de 6000 des 8000 hedge funds de la planète.
Mis à part un guichet pour accueillir des clients à Londres, PCM ne dispose que d’une seule autre agence, celle qui existe à Moscou. Pourquoi Moscou ? PCM gère, en plus de quelques-uns des fonds spéculatifs off-shore les mieux cotés du monde (d’après Standard Poors), environ 5 milliards de dollars en fonds de placement russe pour « les investisseurs institutionnels, les banques privées et des high net worth individuals [individus possédant une grande surface financière, autrement dit, des millionnaires].
Nous sommes donc en plein « choc des moralités ». D’une part celle d’un Halligan qui consiste à vouloir engraisser des parasites millionnaires qui aimeraient spéculer sur la nourriture à partir des paradis fiscaux, et d’autre part, celle de ceux désireux de préparer la terre à accueillir les 9 milliards d’individus qui peupleront la planète d’ici 2050.
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