5 février 2009 (Nouvelle Solidarité), Paris – Mercredi, le nouveau Secrétaire d’Etat américain Hillary Clinton a fait savoir que les Etats-Unis envisagaient de réduire, autant que ce peut, l’emploi des sociétés militaires et de sécurité privées (SMP) dans des missions à l’étranger.
Elle précisa que le rôle de ces entreprises serait désormais surveillé au plus près par l’Etat. Cette nouvelle suit la décision du gouvernement irakien d’interdire à la société Blackwater d’exercer sa profession sur son territoire.
Cette société, dont la proximité avec la droite religieuse et la clique Bush-Cheney est notoire, avait provoqué en 2007 l’ire de l’opinion publique internationale quand les vigiles surarmés de Blackwater avaient tué, sans véritable raison, 17 civils, lors du passage d’un convoi que la société sécurisait.
Cette arrogance découle notamment du fait que les « mercenaires sans frontières » ne sont redevables, ni devant la loi du pays dans lequel ils opèrent, ni devant les tribunaux de l’armée américaine. Rappelons ici qu’un certain nombre « d’interrogateurs », à l’œuvre à Abou Graïb et à Guantanamo, ont pu se livrer sans trop d’états d’âme, grâce à ce statut, à des actes qualifiés désormais de torture.
L’Inspecteur général du Département d’Etat, le général Harold W. Geisel, dont la Commission sur les fournisseurs de l’armée annonce un audit sur Blackwater d’ici mars, s’est déclaré « pas surpris » de la décision irakienne, car de toute façon, son ministère planifiait de forcer le départ de cette société hors de ce pays.
Si Hillary Clinton s’était engagée pendant sa campagne électorale à réduire le rôle du privé dans les missions militaires, Barack Obama avait accusé dès 2007 Blackwater d’agir « avec le plus grand mépris pour la vie irakienne ». Il avait notamment proposé une loi pour réguler l’activité des SMP et menacé que toutes celles qui n’y soumettraient pas, seraient « poursuivies ».
Hillary Clinton indiquait mercredi que l’Administration avait déjà serré les boulons à Blackwater depuis la décision irakienne du 29 janvier. Cependant, une autre société est appelée à prendre le relais pour protéger au mieux les quelques 300 employés de l’ambassade américaine à Bagdad.
Or, à peine quelques jours avant la fin de la présidence Bush, le gouvernement américain a statué qu’une société britannique, Aegis Defence, travaillait selon les normes dans le secteur et donc se qualifiait sans problème pour ce travail. En effet, le 14 janvier, dans un audit, le bureau de l’Inspecteur général pour la reconstruction en Irak notait les performances à Aegis entre « satisfaisantes et excellentes ».
Aegis a été fondé par le Colonel britannique Tim Spicer, un ancien commando de la marine écossaise. Aegis était le nouveau nom de la société Sandline, anciennement Executive Outcomes (EO), également fondée au début des années 1990 par Spicer et très impliquée dans les guerres de la Nouvelle Guinée en 1997 et la Sierra Leone en 1998.
Spicer est un proche de Simon Mann, un ancien capitaine du SAS britannique actuellement en prison au Zimbabwe pour avoir fomenté un coup d’état en Guinée Equatoriale financé par Mark Thatcher, le fils de la dame de fer. A la tête d’Aegis, derrière Spicer, qui ne fait qu’office de VRP, on retrouve le Field Marshal Lord Peter Inge, ancien chef d’état-major de l’armée britannique et coauteur, avec quatre autres anciens chefs d’états-majors, du triste rapport proposant des frappes nucléaires préventives, comme « nouvelle » stratégie à adopter pour l’OTAN de demain...
Cependant, vu les déclarations actuelles, on peut espérer que les jours d’Aegis soient également compté.
Hillary Clinton a d’ailleurs déclaré : « Je suis certainement de ceux qui pensent que l’on devrait, autant que possible, réduire notre dépendance des sociétés militaires privées ». « Si on peut aller jusqu’au bannissement, cela me semble improbable pour l’instant, mais nous devrions nous engager à revoir leur rôle avec grande attention pour définir quand elles pourront être employé et quand elles ne le pourront pas ».
Cependant, disait-elle, nous sommes devant un dilemme en Irak. « La réduction du nombre de troupes américaines, comme le président Obama l’a demandé dans son programme électoral, pourrait bien signifier que les privées joueront encore un rôle. Nous allons retirer nos troupes… Alors, comment fournir la sécurité aux fonctions civiles est une question bien difficile… »
Pour conclure, notons que depuis que le retrait des troupes américaines d’Irak se précise, une soudaine prolifération, certainement « spontanée » des actes de piratage ouvre deux nouveaux marchés pour les « mercenaires sans frontières » : celui des pirates et celui de ceux qui les protègent…
A lire : Mercenaires sans frontières, les « chiens de guerre » de la mondialisation
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# dra
• 07/02/2009 - 00:13
Si les mercenaires américains quittent l’Irak on ne peut que s’en féliciter .
Mais s’ils sont remplacé par les hommes de Spicer, des anglais !, on a tout a craindre .............
# michel49
• 07/02/2009 - 10:46
Afin de mieux les reconnaître, ne pourrait-on leur donner un bel uniforme noir avec des insignes : deux eclairs d’argent sur le col et une jolie tête de mort sur la casquette ?
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