6 juin 2008 (EIRNS) – La prochaine cible des spéculateurs semble être l’eau. Le 4 juin, Ambrose Evans-Pritchard a écrit un article dans la section « affaires » du quotidien anglais Telegraph, au sujet d’un rapport de Goldman Sachs conseillant d’investir dans le secteur de l’eau, car ce dernier devrait générer très bientôt de gros retours sur investissement.
L’article de Pritchard titre : « La sécheresse, le plus grand risque mondial. » Selon un jury « d’experts de la conférence de Goldman Sachs sur "les cinq plus grands risques", un "manque d’eau catastrophique" pourrait s’avérer être un danger encore plus grand pour l’humanité dans le siècle à venir, que la flambée des prix de la nourriture et l’épuisement des réserves énergétiques.
L’article cite tout d’abord Sir Nicholas Stern, auteur du Rapport Stern sur le changement climatique (commandé par le gouvernement Blair début 2005). Ce dernier déclare que les réserves souterraines aquifères pourraient s’assécher simultanément à la fonte des glaciers. Les glaciers de l’Himalaya retiennent l’eau lors de la saison des pluies, leur fonte signifierait des torrents d’eau se déversant jusqu’à la baie de Bengale et emportant les couches supérieures du sol. L’Himalaya est la source des grands fleuves asiatiques : le Gange, le Fleuve jaune, le Yangzi Jiang. Trois milliards de personnes, presque la moitié de la population mondiale, vivent dans cette région.
Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, accuse les gouvernements d’être « lents à accepter que l’eau utilisable se fasse plus rare ». Il appelle cela « une ressource non-renouvelable », et tant qu’elle « ne sera pas évaluée correctement », elle sera utilisée sans restriction.
C’est là où la vraie cible apparaît clairement : l’agriculture, qui représente 70 % de la demande en eau ! L’article est illustré par un grand graphique représentant la demande en eau selon le type de culture ou d’élevage (en mètre cube par kg) : 15 pour le bœuf, 6 pour la volaille et 1,5 pour le maïs. (Bien sûr, ils n’indiquent pas le volume d’eau nécessaire pour produire des biocarburants…)
Le rapport de Goldman Sachs surnomme l’eau « le pétrole du siècle prochain » ; elle sera très rentable pour les investisseurs « qui savent comment jouer sur un grand besoin en infrastructure ». Les Etats-Unis, par exemple, auraient besoin de canalisations neuves et d’usines d’épuration de l’eau d’ici 2020, ce qui représente un budget de 1000 milliards de dollars.
Le rapport admet sans complexe que ceci est fondé sur une perspective malthusienne de génocide : il affirme que « la demande en eau augmente selon des proportions insoutenables. Au risque d’être alarmistes, nous pouvons mettre cette situation en parallèle avec l’économie malthusienne. La consommation en eau double approximativement tous les vingt ans. En 2025, il est estimé qu’environ un tiers de la population n’aura pas accès à de l’eau potable. »
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La Chine est également ciblée dans le rapport (l’Asie en général), qui augmente les risques par son « changement de régime alimentaire, plus orienté vers les protéines animales ». La Chine représente 21% de l’humanité mais ne dispose que de 7% des ressources en eau. L’Egypte a menacé de riposte militaire tout pays qui puiserait de l’eau du Nil sans son accord.
Goldman Sachs conseille aux investisseurs de placer leur argent dans la haute technologie de l’eau. General Electric est leader sur le marché dans ce domaine, bien qu’il ne représente que 2% de son chiffre d’affaires. La part de revenus issus du secteur de l’eau est de : 34% pour Veolia, 16% pour Suez, 20% pour Ferrovial, 100% pour Sabesp, 100% pour Severn Trent, 23% pour RWE, 32 % pour ITT Corp. et 75 % pour Pentair.
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