Paris, le 6 octobre (Nouvelle Solidarité)—Bien que les médias aient unanimement critiqué les limites du sommet du G4 convoqué par Nicolas Sarkozy à Paris, le 4 octobre, pour faire face à la crise financière, la réalité est que, de façon certes tout à fait insuffisante, les dirigeants européens, agissant sous la menace de l’implosion du système bancaire européen, ont posé quelques jalons importants en direction d’un processus de réorganisation financière et de redémarrage des économies, s’inspirant généralement de la démarche de Franklin Roosevelt dans les années 30.
Les chefs d’Etat et de gouvernement d’Allemagne, d’Italie, de Grande-Bretagne et de France, réunis à Paris en présence des présidents de la Commission européenne (Jose Louis Barroso), de l’Eurogroup (Jean-Claude Juncker) et de la Banque centrale européenne (Jean-Claude Trichet), ont notamment lancé un appel solennel à la tenue d’« un sommet, le plus tôt possible, avec les Etats les plus concernés, sur la refondation du système financier mondial ». Lors de son intervention aux Nations unies, en septembre, le président de la République avait proposé, en termes beaucoup plus vagues, « un sommet avant la fin de l’année ». C’était avant l’aggravation brutale de la crise en Europe. Selon le communiqué final, ce sommet devrait traiter de la nécessité d’établir une régulation et une surveillance sur « tous les acteurs des marchés financiers (…) et pas seulement les banques commerciales », processus qui concernerait « les agences de notation, les banques d’investissement et les hedge-funds ».
Plus important que les mesures esquissées, qui restent encore trop limitées, d’autres changements annoncés par les chefs d’Etat permettent de penser qu’une perspective de sortie de crise pourrait se dégager. Il s’agit tout d’abord de la volonté affichée par Nicolas Sarkozy, et soutenue par d’autres, dont Jean-Claude Junker, d’associer d’autres grands pays à cette réforme. D’abord, la Russie, que George Bush avait tenu à exclure du dernier sommet des grands pays sur la crise financière. Ensuite, la Chine, l’Inde et le Brésil, liste qui pourrait s’étendre à la Corée du Sud, l’Australie, l’Afrique du Sud ou le Mexique. Certains parlent désormais d’un G14. Comme Lyndon LaRouche vient de le souligner dans une interview stratégique accordée à l’émission Vesti Nedeli du canal de télévision national Rossiya, il ne faudra pas moins d’une collaboration entre les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et des pays européens ayant retrouvé leur souveraineté pour procéder à la refondation d’un nouveau système monétaire international.
L’autre très bonne nouvelle du sommet fut la réaffirmation du principe de souveraineté nationale contre l’Europe supranationale, et de la primauté du politique contre les règles comptables édictées par le Traité de Maastricht et ses fameux critères. Se libérant, du moins temporairement, du carcan de Maastricht, les chefs d’Etat et de gouvernement ont demandé à la Commission européenne de « faire preuve de flexibilité dans l’application des règles en matière d’aides d’Etat aux entreprises comme dans les principes du marché unique ». Ils ont aussi demandé que l’application du pacte de stabilité « reflète les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons, selon d’ailleurs les dispositions du pacte prévu à cet effet ».
Grande lacune du sommet, contre laquelle nous devrons nous mobiliser, les responsables du G4 n’ont pas abordé la nécessité d’une « mise en règlement judiciaire » des établissements financiers détenteurs d’instruments toxiques, procédure par laquelle des tribunaux examinent la viabilité des entreprises, mettant certaines d’entre elles en faillite ou coupant les branches mortes pour d’autres, tout en injectant des fonds pour soutenir leurs parties saines. Lors de la grande dépression des années 30 aux Etats-Unis, il ne fallut que quelques mois à Franklin Roosevelt pour rétablir l’économie américaine. Mais avant de renflouer les banques, Roosevelt procéda à la mise en banqueroute des institutions bancaires trop atteintes. Ensuite, le Congrès s’attacha à déterminer les responsabilités des principaux financiers, édictant des lois afin qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire. La situation ainsi assainie, les vastes projets d’infrastructures et autres programmes publics lancés par FDR permirent à l’économie américaine de repartir et aux Américains de retrouver le chemin de l’emploi.
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