Parmi les nombreux lobbies ayant participé à l’écriture du programme de François Fillon, figure la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFRAP), un lobby ultralibéral créé en 1985 et présidé par Agnès Verdier-Molinié.
Auteur du livre On va dans le mur ! (2015), la présidente de l’iFRAP y défend l’idée que les impôts, les normes et le nombre de fonctionnaires en France sont trop importants. Alain Juppé (UMP) avait salué ce qu’il qualifiait de « diagnostic sévère, hélas fondé pour l’essentiel ». Pour François Fillon, il s’agissait d’un « ouvrage décapant [qui] tire le signal d’alarme et préconise une thérapie de choc pour éviter le crash ».
L’iFRAP est entièrement financé par le privé et spécialisée dans la dénonciation du manque « d’efficacité des politiques publiques, notamment celles visant la recherche du plein emploi et le développement économique ». Pour y remédier, elle se bat pour « proposer des mesures d’amélioration » (comprenez la privatisation tout azimut des services publiques) et pour « mener toutes les actions en vue de la mise en œuvre par le Gouvernement et le Parlement des mesures proposées » (comprenez lobbying musclé).
Notons que l’iFRAP, ne déteste pas toujours les subventions publiques. D’ailleurs, elle a été reconnue d’utilité publique en 2009 grâce à… François Fillon. Grâce à cette astuce, ses donateurs privés disposeront d’une bonne déduction fiscale…
Réforme territoriale
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- Nouvelle Solidarité N°8/2016. S’abonner.
Sur son site, l’iFRAP a installé un « comparateur des programmes » des candidats aux élections présidentielles. Plusieurs candidats n’y figurent pas. Il faut croire qu’ils sont incomparables… La page en question étale d’abord les propositions de l’iFRAP et compare les programmes des candidats avec ses revendications.
On y trouve rapidement le programme choc proposé par l’iFRAP pour réduire le nombre de fonctionnaires, véritable obsession et considéré comme le levier ultime pour la relance de l’économie mondiale. Premier secteur où l’iFRAP veut dégraisser un maximum : les collectivités territoriales pour qui l’iFRAP propose une sorte de loi NOTre version hard :
« 1. Fusionner les intercommunalités et les communes françaises en 5000 supercommunes ; 2. Supprimer l’échelon départemental ; 3. Doter de missions plus importantes, les 13 nouvelles régions (Éducation, formation professionnelle, apprentissage, politique de l’emploi). La fusion des petites communes permettrait de supprimer les nombreux doublons et près de 120 000 postes de fonctionnaires territoriaux pour atteindre jusqu’à 6 milliards d’économies d’ici à cinq ans. »
À côté, l’on trouve les propositions du candidat François Fillon, qui lui, veut :
Ramener le nombre d’échelons des collectivités territoriales de 4 à 2 avec un référendum constitutionnel suite à l’élection présidentielle sur la réforme de l’État territorial (la fusion progressive des départements et des régions ; passer de 36 000 à 6000 à 7000 communes). Mise à jour du 11 mai 2016 : évolution progressive des regroupements de communes.
En clair, ce que Valls essayait d’obtenir par la loi NOTre en laissant pourrir la situation, Fillon le chante haut et fort en reprenant le refrain de l’iFRAP.
Rappelons qu’aucune étude d’impact n’a été menée pour la loi NOTre, ce qui la rend d’office illégale. Quel homme politique, quel candidat, à part Jacques Cheminade, aura le courage de le dire ?
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