29 mai 2009 (LPAC) — Les élections parlementaires en Inde, qui se sont déroulées sur un mois, avec 714 millions d’électeurs inscrits, ont réservé à la majorité des Indiens une agréable surprise, à savoir le renforcement du plus ancien et du plus grand parti politique, le Congrès national, et un soulagement du fait qu’il devrait être possible de former un gouvernement stable qui reste au pouvoir pour les cinq ans à venir, sans faire de compromis.
En fait, les divers observateurs et instituts de sondage ont été pris de court, n’ayant pas vu l’impact dans les zones rurales réalisé par les jeunes dirigeants du Parti du Congrès, emmenés par le fils de l’ancien ministre Rajiv Gandhi et de la présidente du Parti, Sonia Gandhi. Il est vrai que 45 % des électeurs indiens ont moins de 25 ans et que la majorité rejette la realpolitik indienne, c’est-à-dire la politique byzantine de castes et de groupes ethniques, optant au contraire pour l’espoir des générations plus jeunes.
En outre, la majorité des 160 millions de musulmans indiens ont abandonné les partis régionaux, qu’ils renflouaient, pour revenir vers leur vieux centre politique, le Parti du Congrès. Suite à l’affaiblissement de ce parti dans les années 1990 et à la montée du Parti BJP, qui accusait les musulmans d’avoir fait éclater le pays en 1947 et refuse toujours de reconnaître leurs contributions à la vie nationale, la communauté musulmane, inquiète et éparpillée, s’est laissée tenter par d’autres options régionales. Elle est aujourd’hui plus sereine qu’il y a deux décennies.
Toutefois, ces résultats électoraux ne signifient nullement que l’Inde va retrouver pour autant la prospérité et la paix. Pour cela, il faudrait que le Parti du Congrès et ses alliés s’engagent pleinement pour le développement des équipements dans le pays, sous peine de voir la population se tourner vers d’autres partis qui leur en font la promesse. L’Inde pâtit d’une immense pénurie d’électricité, qui fait que quelque 400 millions d’Indiens n’ont toujours pas de courant, et les chemins de fer sont dans un état déplorable. Le lancement de tels projets se traduirait très vite par l’accroissement de la productivité de la population rurale, qui cherche à améliorer son sort, exigeant de l’eau potable, l’électricité, l’éducation et des soins médicaux pour tous.
Au cours des cinq dernières années, l’alliance conduite par le parti du Congrès, que l’on ne pourrait pas qualifier d’hostile aux pauvres, s’est néanmoins davantage préoccupée des besoins de la classe moyenne et de la communauté financière. Ce n’est évidemment pas cette politique économique, qui considère le développement de l’infrastructure comme secondaire, qui a attiré les électeurs, et si elle se maintient, le parti ne réussira pas à maintenir la cohésion de cette nation géante.
Les défenseurs de la mondialisation clament déjà que la récente victoire électorale permettra de réaliser plus de « réformes » mondialisées. Au moment où les conflits ethniques couvent partout dans le pays, où le Pakistan voisin est au bord de l’implosion et où des guerres soi-disant « de religion » font rage au Sri-Lanka et au Bangladesh, une telle orientation assurerait le chaos total dans le sous-continent.
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