2 septembre 2009 (Nouvelle Solidarité) – Les résultat électoraux obtenus aux élections régionales de la Saxe, de la Sarre et de Thuringe obligent la plupart des observateurs politiques à se rendre à l’évidence : les électeurs allemands n’ont pas voté comme prévu et bousculé tous les calculs.
Pire encore, ces résultats rendent l’issue du scrutin législatif du 27 novembre pour le renouvellement du Bundestag (la chambre) « bien plus incertaine et passionnante » que généralement convenu, car, si jusqu’à maintenant tous les avis et sondages concordaient pour donner la victoire haut la main à Angela Merkel, la « femme la plus puissante de la planète », les électeurs ont, contre toute attente, décidé de la sanctionner lourdement. S’il ne s’agit pas encore d’une « grève de masse », l’orage gronde.
Ainsi, bien qu’en ne perdant que 1,1% en Saxe, les chrétiens-démocrates de la CDU passent de 47,5% à seulement 34,5% dans la Sarre et de 43% à 31,2% en Thuringe. Partenaire du gouvernement Merkel dans la grande coalition, les sociaux-démocrates du SPD améliorent légèrement leur score en Saxe et en Thuringe, tout en perdant massivement dans la Sarre, où Oskar Lafontaine (ex-président du SPD et ancien ministre-président de la région) triomphe avec 21,3% pour son parti Die Linke (La Gauche) au détriment du SPD qui y perd plus de 6%.
Le parti Die Linke, une alliance d’anciens sociaux démocrates, de syndicalistes et d’ex-communistes du PDS, émerge indiscutablement comme le grand vainqueur du scrutin en obtenant plus de 20% dans chaque région et même 27,4% en Thuringe. Le parti des Verts progresse peu tandis que les libéraux du FDP, opposé aux renflouements des banques par l’Etat, doublent leur score.
Vote sanction
Si les « petits partis » de l’opposition ont su capter l’adhésion de tant d’électeurs désireux de sanctionner le pouvoir, c’est que la crise est grave. Tout d’abord, la classe politique allemande, tout comme l’administration d’Obama, a perdu son « mandat du ciel ».
Si Berlin a tout fait pour renflouer les banques hyper-spéculatives, le gouvernement a été incapable de ramener la croissance. L’Allemagne, premier exportateur européen et de loin l’économie la plus importante du continent, constate que ses exportations, qui correspondaient en 2008 à plus de 47% de son PIB, continuent leur « chute libre ». La dernière étude de la Chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK) ne prévoit que 815 milliards d’euros d’exportations en 2009 contre 995 milliards d’euros en 2008, soit une baisse de 18%. L’Allemagne pourrait même perdre le titre de championne du monde des exportations qu’elle détient depuis 2003. « La Chine pourrait même remplacer l’Allemagne en tant que leader mondial de l’exportation car ses exportations ne vont baisser que de 15 % », souligne l’étude.
Ensuite, face au naufrage de l’industrie automobile, le gouvernement s’est incliné devant l’égoïsme des Etats-Unis. Bien que Merkel espère « sauver Opel » avant les élections fédérales du 27 septembre, tout porte à croire que l’administration Obama continuera à soutenir la firme américaine General Motors (GM) dans son refus de céder sa filiale européenne à l’équipementier canadien Magna, soutenu par Berlin, prenant prétexte de l’implication des investisseurs russes GAZ et Sberbank. « Le gouvernement américain, actionnaire à 60% de GM, ne veut pas d’investisseurs russes au sein du constructeur automobile », écrit l’hebdomadaire Der Spiegel, sans citer de sources. En réalité, GM préfère voir sombrer les sites de production allemands au grand profit de la production américaine.
Comme le dénonce avec force Helga-Zepp LaRouche, candidate à la chancellerie aux élections fédérales du 27 septembre, le gouvernement Merkel se moque éperdument du verdict rendu le 30 juin par la Cour constitutionnel de Karlsruhe en défense de la Constitution allemande. Pire encore, la Cour se trouve accusée par des juristes proches du gouvernement Merkel d’être « un obstacle » à l’Europe supranationale imposée par le Traité de Lisbonne. Notons ici le fait que, de son coté, Die Linke a clairement exprimé son opposition aux néolibéralisme imposé par les traités de Maastricht, Nice et Lisbonne.
En tout cas, suite aux résultats de dimanche, l’éventualité que Merkel perde le pouvoir devient du domaine du possible. Ainsi, au lendemain du scrutin du dimanche 30 août, Hans-Peter Keitel, le président du Bund der Deutsche Industrie (BDI, Union de l’industrie allemande), n’a pas hésité à agiter le chiffon rouge. Dans le quotidien Handelsblatt, il avertit : « Nous n’avons pas besoin d’une politique hostile aux entreprises, mais d’une politique orientée vers la croissance ». Les chrétiens-démocrates redoutent un scénario comparable à celui de 2005, quand la candidate CDU, créditée d’une large avance sur Gerhard Schröder, était finalement passée tout près de perdre les élections.
Volant à la rescousse de la chancelière, un éditorial du quotidien le Figaro conseille vivement à Mme Merkel de s’inspirer du langage trompeur de Sarkozy : « La moralisation du capitalisme, l’encadrement des bonus des traders, la régulation financière - thèmes dont il sera question au G20 de Pittsburgh, le 23 septembre, quatre jours seulement avant le renouvellement du Bundestag - constituent pour la chancelière la meilleure plate-forme électorale. Les initiatives franco-allemandes annoncées hier à Berlin en sont l’illustration. »
Espérons qu’après le Mur, les électeurs feront chuter l’oligarchie financière. Comme alors, il est temps de lui rappeler : Wir sind das volk ! (le peuple, c’est nous !)
Article : Helga Zepp-LaRouche : refaisons de l’Allemagne le pays des poètes et des penseurs !
# Senec
• 05/09/2009 - 09:17
Faire l’hypocrite comme Sarkozy ? Voilà bien la preuve que Sarkozy est à l’image de la France : hâbleur et inefficace !
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# napooiseau
• 03/09/2009 - 21:45
Soyons juste, Oscar Lafontaine n’était pas un inconnu avant la création du parti die linke.
Il fut ministre des finances sous Schröeder et président du land Saar. Il s’agit d’une pointure politique en Allemagne. Le fait est qu’il a su avant d’autres comprendre les aspirations profondes du peuple Allemand réunifié et qu’il semble à même de réussir son pari :
celui de créer un nouveau parti à vocation gouvernementale en Allemagne.
Rien à voir donc avec Mr Besancenot pour qui le résultat se fait douloureusement attendre.
Mais là nous sommes en France et ce brave homme n’a pas le bénéfice de l’expérience politique d’un Lafontaine.
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# quentin
• 03/09/2009 - 11:11
Un vote sanction ? je dirais plus tôt que l’électeur ne sait plus à quel saint se vouer...C’est un peu à l’image des Européennes en France ou beaucoup ont mis leur bulletin dans la case Europe écologie par dépit et pas forcément par conviction. Pas plus qu’ils ont forcément voter dans l’esprit pour le caméléon passé du rouge au vert. Dérision !
Le monde est figé, la trouille au ventre. Aucun politique ne présente de réelles alternatives que ce soit "Die Link" en Allemagne ou la pseudo alternative de "gauche" en France.
La révolte ne prends forme que lorsque les ventres et les poches sont vides et encore à chaque fois les mouvements de masse sont récupérés par quelques "leaders" pseudo révolutionnaire. Il suffit pour cela de regarder l’histoire. A la révolution Française ce n’est pas le petit peuple qui a pris la Bastille mais les petits bourgeois commerçants artisans qui en avait marre de ce faire plumer par les monarques. le pouvoir a alors changé de main. Sur le fonds, le système féodal (réformé) à été maintenu.
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# NAULLAY
• 03/09/2009 - 10:49
Les temps sont durs pour les leaders, même pour ceux du NWO : Obama a fini son état de grâce (Obamania), au Japon le parti concervateur a été battu, G.Brown est en mauvaise posture - Notons hélas qu’il n’y a qu’en France que le peuple a renouvelé sa confiance au sarkôzysme, sorti ’vainqueur’ aux Européennes ! Serions nous devenus des moutons, prêts à être vaccinés en masse par la Doctoresse Folamour ? Merkel est peut-être une des rares ’Politiques’ qui soit intègre au fond d’elle-même, qui n’a pas ’profité’ ; mais elle est secouée par la Crise et par le boulet de ses alliés corrompus.
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