10 avril 2008 (Nouvelle Solidarité) – Frappé de plein fouet par l’explosion des prix des denrées alimentaires de base, des troubles sociaux prennent le devant de la scène en Asie du Sud Ouest. Après la Jordanie, c’est au tour de l’Egypte et du Yemen de voir des milliers de manifestants dénoncer la cherté de la vie au quotidien.
En Egypte, dans la ville symbole de l’industrie textile, Mahalla al-Koubra, 7000 manifestants ont piétiné le portrait du président Hosni Moubarak, du jamais vu dans un pays qui vit sous état d’urgence depuis 1981. La police est intervenue avec des grenades lacrymogènes et a ouvert le feu sur les manifestants avec des balles en caoutchouc tuant deux personnes et provoquant des dizaines de blessés.
Les ouvriers réclament de meilleurs salaires pour la simple raison que leur rémunération actuelle ne permet plus de s’offrir la nourriture de base. Des pans entiers du secteur du textile en Egypte, dans le cadre de la mondialisation, ont été privatisés. Ce processus les a livrés à des spéculateurs comme le milliardaire anglais Georges Soros et les salaires ont été revus à la baisse pour « améliorer » la compétitivité du textile égyptien avec celui d’Asie.
Un gros tiers d’Egyptiens se débrouille avec moins de deux dollars par jour. Les 80 millions d’Egyptiens, dont 95% vivent sur seulement 5% du territoire, sont les plus gros consommateurs de pain au monde, avec 400 grammes par jour et par personne. Le baladi, le pain subventionné, se vend à un prix qui reste 13 fois en dessous de celui du marché libre, mais il faut six heures d’attente pour pouvoir acquérir le maximum d’une dizaine de galettes par jour et par famille. En plus, la farine subventionnée est parfois coupée avec de la sciure… Les politiques égyptiennes en direction de l’autosuffisance alimentaire, grâce à l’irrigation et le développement de l’énergie nucléaire, furent systématiquement sabotées, sous prétexte de surpopulation. L’aide alimentaire fournie par les Etats-Unis a été une arme de chantage permanent sur la politique égyptienne.
Profitant du mécontentement général, le parti islamiste des Frères musulmans inféodé aux Anglais (interdit mais toléré dans les faits) a annoncé lundi soir son boycott des élections municipales. Moubarak pour sa part prépare son fils Jamal à prendre sa succession.
Au Yémen, c’est essentiellement dans le sud du pays que des manifestations ont eu lieu et les contestataires proposent de revenir sur l’union entre le Yémen du sud (ex-communiste) et le Yémen du nord, réunifiés en 1989. Une marche d’enfants a eu lieu en guise de protestation contre la hausse des prix. Les manifestants présentent la séparation comme la « solution » à tous leurs problèmes. Si on ne dispose pas de chiffres précis sur le nombre de victimes des affrontements, certains avancent le chiffre de cinquante à soixante-dix blessés. Le gouvernement a même encerclé plusieurs villes avec des tanks et la situation risque de dégénérer rapidement.