Pendant la première semaine d’août, les actions de la soi-disant "nouvelle économie » ont été durement touchées dans le monde entier. Sans les rebonds magiques enregistrés en fin de séance les 1er et 3 août, probablement liés à des interventions de l’« Equipe anti-plongeon » du gouvernement américain et de la Réserve fédérale, la chute des actions du Nasdaq aurait pu déclencher une réaction en chaîne sur les marchés mondiaux. On a pu en avoir un avant-goût le 3 août, lorsque les actions "technologiques du Nikkei japonais ont chuté de presque 400 points, tandis que le Nemax perdait 4,1 % ; ce jour-là, le Nasdaq perdit 4 % dans les premières minutes de cotation, avant qu’un rebond mystérieux n’intervienne.
Le 4 août, le Frankfurter Allgemeine Zeitung soulignait l’étrange comportement du « Nouveau marché » allemand (le Nemax) : un grand nombre de sociétés « technologiques » n’ont toujours pas annoncé leurs résultats du deuxième trimestre. Y aurait-il d’« horribles surprises » à venir ? Le journal notait que la plupart de ces sociétés n’ont pas utilisé beaucoup du cash généré par leur mise sur le marché pour des investissements dans leur propre développement, mais qu’elles ont plutôt acheté des actions d’autres sociétés de la « nouvelle économie » ou investi dans des marchés financiers à risque pour faire des profits rapides ! Jusqu’à la mi-mars, cette tactique a bien fonctionné, mais elle s’est révélée désastreuse après l’effondrement mondial des marchés de la nouvelle économie. Cette tactique consistant à utiliser les capitaux générés lors de l’introduction en bourse pour spéculer n’est d’ailleurs pas limitée à l’Allemagne, elle a été observée dans le monde entier.
Dans le même temps, l’agence de cotation américaine Standard & Poor’s a publié son dernier Financial System Stress Report, selon lequel pas moins de 15 systèmes bancaires, y compris celui des Etats-Unis, présenteraient des « symptômes de stress ». Ces symptômes sont la dépendance excessive des emprunts, la croissance rapide du crédit, les hauts niveaux de dettes publique et privée et la dégradation des portefeuilles bancaires. Dans le cadre de certains « scénarios du pire », les problèmes au sein de ces quinze pays pourraient mener à un krach bancaire. La liste de S&P comprend : les Etats-Unis, l’Irlande, les Pays-Bas, le Panama, le Japon, l’Indonésie, la Corée du sud, la Thaïlande, Chypre, l’Egypte, le Liban, la Chine, la République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie.
Les marchés des changes ont également été secoués cet été. Début août, l’euro a plongé jusqu’à 0,90 dollar, tout près de son plus bas d’avril-mai. Craignant des pertes encore pires sur leurs échanges internationaux, les investisseurs fuient l’Euroland, envoyant massivement des fonds vers les Etats-Unis. Le plus déconcertant dans cette baisse de 4 à 5 % de l’euro, c’est qu’il n’en trouve pas de raison apparente - en dehors des énormes besoins en capitaux nécessaires pour que la bulle financière américaine puisse continuer encore quelque temps. On se rappelle que le Secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, avait employé des méthodes discrètes, mais efficaces, pour rendre l’euro « peu attractif », « encourageant » ainsi des flux de capitaux vers les marchés financiers américains, afin de leur donner un coup de fouet à une période où ils connaissaient une baisse critique.
Si l’euro baissait jusqu’à 0,85 dollar, cela déclencherait presque certainement une vente panique d’euros dans des marchés dont le volume serait extrêmement faible. La faiblesse de l’euro commence déjà à avoir un impact sur les marchés obligataires libellés en euros, sur lesquels les taux ont commencé à s’écarter des taux enregistrés sur les bons d’Etat, un signe de stress financier. Etant donné le fait que les sociétés européennes ont emprunté un volume record (plus de 110 milliards d’euros en six mois) sur ces marchés, la faiblesse de l’euro pourrait créer des problèmes de remboursement.