30 mai 2008 (LPAC) – Le Financial Times rapporte que des firmes internationales de production de biocarburants achètent de grandes parcelles de terrain en Afrique pour produire des biocarburants au détriment de la production de nourriture.
Sur un an, les investisseurs étrangers ont mis la main sur 110000 km² de terrain au Mozambique, ce qui correspond à plus d’un huitième de sa superficie !
La compagnie Sun Biofuels du Royaume-Uni possède des plantations en Tanzanie, en Ethiopie et au Mozambique, et en ce qui concerne la Tanzanie, ils prévoient de cultiver du jatropa, (une plante toxique utilisée pour les biocarburants), sur pas moins de 40000 hectares de terres agricoles de première qualité.
Le directeur de Sun Biofuels, Peter Auge, déclare fièrement que sa société paie ses employés 3 dollars la journée, qualifiant cette somme de « relativement élevée pour ce pays » !
Les agriculteurs qui vivaient sur ces terrains ont été expropriés, recevant une « compensation » de 1000 dollars chacun.
Le Financial Times note qu’il sera très difficile dans le futur pour les gouvernements locaux de récupérer les terrains pour la production de nourriture, Sun Biofuels ayant obtenu un droit d’usage sur le terrain pour 99 ans.
Une société suédoise soumissionne pour 50000 acres de terre de première qualité pour cultiver de la canne à sucre destinée à la production de biocarburants. Tout ceci est fait en coopération directe avec l’Union Européenne qui a signé des accords de libre-échange avec certains de ces pays.
Etant donné la grave crise alimentaire, les officiels tanzaniens hésitent. A noter cependant que la Tanzanie fait partie des pays impliqués dans des cas de corruption liés à la BAE.
Le Brésil a signé divers accords avec des gouvernements africains pour le développement de biocarburants, déclarant que c’est la solution au chômage et à la pauvreté en Afrique. Mais lorsque le président Lula da Silva rencontra, lors de son voyage pour la conférence de l’UNCTAD, des officiels de divers pays africains, il découvrit que certains n’étaient guère enthousiasmés par les biocarburants. Un dirigeant syndical du Mozambique a déclaré à Lula que nourrir la population et garantir la sécurité alimentaire était maintenant la priorité numéro un.
Sources : Grain http://www.africa-environment.org |
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