Des représentants de dizaines d’organisations nationales et internationales ont afflué à l’auditorium du Woodrow Wilson International Center for Scholars à Washington le 19 septembre, pour écouter les graves avertissements de deux spécialistes de la grippe aviaire. Michael Osterholm, directeur du Center for Infectious Disease Research and Policy, et Helen Branswell, journaliste médicale à la Canadian Press Agency, ont présenté sans ménagement les statistiques alarmantes sur la convergence de circonstances risquant de mener non seulement à une pandémie globale, mais aussi à un effondrement économique global.
Selon Osterholm, la nature du virus et de ses hôtes, tout comme la nature de l’ouragan Katrina, rend inévitable l’émergence d’un désastre naturel. Toutefois, à la différence de Katrina, on peut minimiser l’ampleur de la catastrophe. Cet expert est cependant convaincu que, même avec un effort international concentré, on n’aura pas le temps d’opérer les changements nécessaires ni de mettre en place l’infrastructure et la technologie pour éviter cette pandémie particulière.
Pour Osterholm, la principale cause est le système économique à « flux tendu », qui rend les nations incapables de réquisitionner le strict nécessaire pour éviter une catastrophe : vaccins, masques chirurgicaux, nourriture, eau potable, etc. Quand la grippe arrivera, les pays auront beau fermer leurs frontières, ils manqueront eux-mêmes de ressources à cause de la nature multinationale de la fabrication. De peur d’attraper la grippe, les gens refuseront d’aller au travail et l’économie s’écroulera. Ce n’est plus seulement un problème d’argent, mais de temps, car la mise en place d’une infrastructure médicale se fait à long terme.