30 avril 2008 (Nouvelle Solidarité) – Le Financial Times de Londres poursuit ses attaques contre la Politique agricole commune (PAC) en déformant les propos du ministre de l’Agriculture, Michel Barnier. Il l’accuse de vouloir « limiter la nourriture à l’importation ». Le FT écrit : « La France et Bruxelles se sont trouvés en désaccord hier, la Commission européenne rejetant l’appel français à réduire les importations de nourriture, le qualifiant de funeste et obsolète. »
Les déclarations de Barnier ont également été reçues froidement par les think-tanks bruxellois « indépendants ». Jorge Nunez Ferrer du CEPS (Centre for European Policy Studies) a déclaré sur Forbes.com, qu’il « faillit avoir une attaque cardiaque » lorsqu’il entendit les propos de Barnier.
Le Financial Times a dû admettre que des diplomates ont approuvé les propositions françaises en matière de « préférence communautaire ». Selon le FT, lorsqu’un officiel de l’UE a déclaré que l’idée de sécurité alimentaire était aussi importante que celle de sécurité énergétique à cause de la hausse des prix, « les gens ne se tordaient plus de rire sur leurs chaises. »
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La bataille commença plus tôt ce mois-ci, lorsque Barnier répondit aux délires de David Spector, un professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris (Paris school of economics), qui qualifia la PAC d’« aberration économique » dans un article publié le 14 avril dans La Tribune. Spector, spécialiste des « abus de domination et d’aide des Etats », travaille principalement pour les autorités hollandaises et australiennes ainsi que pour l’UE. Il a appelé la France, dans le cadre de la présidence française, à monnayer la fin de la PAC contre des « avantages sonnants et trébuchants ».
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Les fluctuations et plus particulièrement la hausse des prix des produits alimentaires amènent les « libre-échangistes » à fantasmer sur la spéculation et les grands profits. Trois jours après la sortie de l’article cité ci-dessus, le 17 avril, dans le même quotidien, Barnier fit publier sa réponse qui titrait : « Renoncer à la PAC : une faute politique » ; il y déclare clairement que « l’enjeu de l’agriculture dans le monde, aujourd’hui, est de doubler la production pour nourrir 9 milliards d’individus en 2050. » Il explique ensuite qu’avec les émeutes de la faim qui ont lieu en ce moment, le concept de sécurité alimentaire n’est plus considéré comme une blague, et que « l’alimentation ne peut être laissée à la seule spéculation financière, au moins-disant sanitaire et environnemental ou aux simples lois du marché ». C’est pourquoi la PAC « est plus importante que jamais, non pas d’un point de vue historique, mais d’un point de vue stratégique ».
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Des recherches plus poussées montrent que le débat reflète une opposition entre les maniaques anglais du libre-échange et les autres.
Comme le rapporte le Journal du Dimanche du week-end dernier, Barnier a passé la semaine dernière à défendre la PAC, au Danemark, en Suède et en Finlande. Les représentants danois, s’alignant sur les Britanniques, appellent à la fin de la PAC alors que la Finlande veut la maintenir. A Helsinki, Barnier participa à un débat public avec le parlementaire européen britannique, Nigel Parrish qui déclara avec véhémence : « Pourquoi avons-nous peur du marché ? Sans subventions, nous aurons les meilleures fermes sur les meilleures terres »
Le JDD conclue : « Face au front des libéraux emmenés par la Grande-Bretagne, la France est soutenue par une vingtaine de pays, dont l’Allemagne. Mais, paradoxalement, sa meilleure alliée reste sans doute à ce jour l’actualité, la crise alimentaire mondiale qui témoigne de l’urgente nécessité de règles lorsqu’il s’agit de superviser un commerce qui a pour but de nourrir l’humanité. »