Dans une optique de contrôle politique, Nicolas Sarkozy, ex-ministre de l’Intérieur, poursuit le fichage systématique de la population française avec la création du logiciel Ardoise (Application de recueil de la documentation opérationnelle et d’informations statistiques sur les enquêtes), bientôt en service.
Thierry Delville, le chef du service des technologies de la sécurité intérieure à la Direction de l’administration de la Police nationale donne un aperçu des principaux systèmes de regroupement des fichiers informatisés sur ZDN.fr : « En matière d’investigation, on trouve un système de rédaction des procédures ("LRP", qui sera remplacé dès 2008 par Ardoise) et un système de rapprochement criminel et d’antécédents ("STIC", qui sera remplacé par le système Ariane, en 2008). Cette dernière application sera l’an prochain commune à la police et à la gendarmerie. Ce sont ces éléments qui permettent de produire les statistiques de la délinquance et de l’activité policière en termes d’élucidation des faits constatés.
De son côté, le système d’identification regroupe le fichier des empreintes digitales (FAED) et des empreintes génétiques (FNAEG), le fichier des personnes recherchées (FPR),le fichier des véhicules volés (FVV), le système d’information SCHENGEN (SIS), qui vise à la mise en commun de données relatives à des personnes, à des véhicules ou des objets recherchés, ce système permettant d’échanger des signalements entre les systèmes opérationnels des services des différents pays. »
Un flicage qui provoque le malaise jusque dans les rangs de la police, certains s’inquiétant de dérives : même son de cloche de la part du Syndicat national des officiers de Police : « Nous sommes scandalisés par ce logiciel, dont l’utilisation -en l’état- va à l’encontre des valeurs républicaines » explique au quotidien Métro, son porte-parole, David Barbas.
Testé depuis le début de l’année, le logiciel Ardoise contient une rubrique « État de la personne », dans laquelle les policiers sont amenés à préciser si leur interlocuteur est « homosexuel », « transsexuel », « handicapé », « sans domicile fixe », « personne se livrant à la prostitution », « travesti », « relation habituelle avec personne prostituée », « personne atteinte de troubles psychologiques », « usager de stupéfiants », « permanent syndical ».{{}}
De son côté, le ministère de l’Intérieur joue l’apaisement. Selon lui, les fichiers Ardoise ne contiendront pas d’informations qui ne figuraient pas déjà dans le logiciel Stic employé jusqu’à aujourd’hui. En effet, ces fichiers contiennent bien une entrée "état de la personne", mais qui n’était remplie que pour la victime et le suspect. Ardoise ne serait qu’une modernisation des précédents logiciels et permettrait l’unification des données détenues par la gendarmerie et la police.
Quant à la date d’entrée en vigueur de ce système d’exploitation, Gérard Gachet, le porte-parole du ministère, avoue qu’il "ne sait pas" lui-même quand elle aura lieu. Elle devait intervenir au second semestre 2008, mais les tests et les formations sont déjà en cours à Ecully, en région Lyonnaise.
De plus ces mesures sont à corréler à celles engagées à la réunion informelle des 25 et 26 janvier à Brdo Pri Kranju, près de Ljubljana en Slovénie, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont fait part de leur intention de contrôler "leurs visiteurs" par un fichage à leur frontière.
Une mesure qui ne reste pas isolée. Voir ci-dessous :
- Flicage biométrique et nouvelle gouvernance mondiale fasciste, une mesure digne des années 30 et du régime de Vichy
- Europe : droit de passage, obligation de flicage