5 octobre 2007, (LPAC) - « Le gros de la crise est encore à venir et c’est la panique dans les banques. Deux des plus importants groupes financiers américains, Citigroup et Merrill Lynch ont vu leurs titres chuter considérablement, » écrit aujourd’hui Libération.
Conséquence : l’ancien Secrétaire au trésor de Clinton Robert E. Rubin remplacera le PDG de Citigroup Charles Prince III, forcé au départ. Ce départ suit celui du PDG de Merrill Lynch Stanley O’Neal, la banque ayant reconnu une perte de 2,3 milliards de dollars, la plus grande dans son histoire. Dans le même secteur, celui des pertes dues à la crise hypothécaire, Bear Stearns perd 4,2 %, Goldman Sachs 4,3 % et Morgan Stanley 6,4 %.
Voici quelques chiffres des pertes récentes des grandes banques internationales (en milliards de dollars) :
Merryll Lynch 8,4
Citigroup 6,5
Union Banque Suisse 4,4
Deutsche Bank 3,1
Bear Stearns 2,3
Crédit Suisse 2,6
Bank of America 2,0
Countrywide Fin 1,6
Dresdner Bank 1,0
Morgan Stanley 0,9
JP Morgan Chase 0,3
Si la facture est salée, c’est le départ des PDG des deux grandes banques de Wall Street qui représente un moment de vérité particulier dans le processus de la désintégration de plus en plus rapide de l’ensemble du système financier international.
Sous la direction de son précédent directeur, Sandy Weil, Citigroup a connu une expansion sans précédent. Ses actifs financiers sont passés de 1090 milliards de dollars en 2002, à 2350 milliards à la fin du troisième trimestre de 2007, doublant ses avoirs en moins de cinq ans. Citigroup a souvent fortement investi dans des marchés sous la domination de la City londonienne.
Citigroup est exposé sur les marchés spéculatifs suivants :
80 milliards de dollars dans des engagements hors bilan sous forme de Structured Investment Vehicles (SIV) [Fonds d’arbitrages permanents]. Citigroup a 7 SIV’s du nom de Doroda ou Sedna Finace, dont quatre ont été créé et opèrent à partir des Iles Caïman.
60 milliards de dollars dans des Conduits hors bilan, opérant seulement d’une façon légèrement différente que les SIV’s.
Au moins 20 milliards de dollars dans les CDO (Collaterialized Debt Obligations) [Titres de créances garantis].
Plus de 70 milliards de dollars dans les ABS (Asset Backed Securities) [Titres adossés à des créances titrisées], basés sur les flux financiers provenant des cartes de crédits.
Tous ces marchés sont soit très secoués soit en grande difficulté. Le marché le plus problématique est celui des SIV’s car, selon la loi, ils doivent constituer des fonds propres (la valeur de l’action vendue), afin que les fonds propres représentent « des fonds engrangés » capable de couvrir des pertes éventuelles.
Pour simplifier, si les pertes des SIV anciennes excèdent les fonds propres, les SIV sont condamnés à plier boutique. Il s’avère que certains des SIV’s de Citibank s’orientent vers cette perspective ou ont déjà franchis la limite fatale si une comptabilité rigoureuse leur était appliquée.
Meredit Whitney, un prévisionniste de Canadian Imperial Bank, a déclaré le 1er novembre que Citigroup se verra obligé d’accroître son capital de 30 milliards de dollars afin de colmater la brèche. Cette déclaration a fait grand bruit dans les milieux financiers et le dévissage des actions de Citigroup a fait plonger le Dow Jones de 362 points, relançant partout la crainte du pire et obligeant la Réserve Fédérale à injecter 41 milliards de dollars en un jour, son intervention la plus massive depuis les attentats du 11 septembre.
L’état pitoyable de Citigroup porte en lui deux problèmes supplémentaires. D’abord, si les naufrages se confirment, une valeur notionelle de 34.900 milliards de dollars en produits dérivés sera balayée, entraînant dans sa chute l’ensemble du marché, qui représente 750.000 milliards de dollars, et le système monétaire mondial avec.
Ensuite, Citigroup est la plus grande banque des Etats-Unis et est donc au cœur du dollar et du système financier mondial actuel, son naufrage abrupt aurait des répercussions dramatiques sur l’ensemble de l’économie mondiale.
Si la critique a souvent repoussé les solutions proposées par Lyndon LaRouche aux Etats-Unis et Jacques Cheminade en France - les jugeant excessives ou irréalisables- cette époque semble désormais révolue.