15 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) – Comme nous l’avons signalé depuis des années, le système financier et monétaire international ne pouvait que finir par s’effondrer, puisqu’il est devenu une entité entièrement privée, spéculative, et destructrice pour l’économie physique, depuis que le système de Bretton Woods a été définitivement abandonné en 1971. Comme le week-end passé, le week-end qui vient de se finir démontre, pour ceux qui y auraient encore cru, que le système est bel et bien mort.
- Lehman Brothers, 4e banque d’investissement américaine, 600 milliards d’actifs affichés, est mise en faillite, faute de repreneurs. En effet, ça ne se bousculait pas au portillon pour racheter la banque new-yorkaise. Barclays demandait comme condition une garantie du gouvernement américain de 300 milliards ! Qui voudrait d’une banque dont la moitié des actifs n’existent pas ?!
- Merril Lynch, une des plus grosses banques d’affaire du monde avec 1800 milliards de dollars d’actifs, vient d’être rachetée par Bank of America (BoA) pour 50 milliards de dollars. On peut donc se demander les conditions et les garanties qui ont été données à BoA pour un tel rachat. Merrill Lynch a déjà perdu officiellement 52 milliards de dollars sur des actifs titrisés.
- AIG, le premier assureur mondial, demande un prêt à court terme de 40 milliards à la Réserve Fédérale (Fed). Il faut dire que le groupe américain a assuré pour des dizaines de milliards de dérivés de crédit.
- Washington Mutual, 1ère banque d’épargne des Etats-Unis, fait face à 32,5 milliards de dollars de défaut de paiement sur des hypothèques et aurait besoin, à moyen terme, d’une garantie du gouvernement pour faire face à des pertes qui s’élèveraient à 24 milliards.
- La Fed ouvre encore plus grand les vannes du crédit aux « 10 grandes banques qui ont travaillé avec elle tout le week-end pour éviter un cataclysme boursier lundi », écrit l’AFP. La banque centrale américaine accroît les montants de liquidités allouées au refinancement des institutions bancaires en faisant passer sa principale enchère de 250 milliards de dollars mensuels, à 600 milliards. Et elle abandonne l’obligation pour les banques preneuses de fournir en contrepartie des titres notés « AAA », c’est-à-dire des titres théoriquement « sûrs », pour accepter des actifs à risque, c’est-à-dire des titres autrement invendables sur les marchés.
Ces dix banques - Bank of America, Barclays, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, JPMorgan Chase Co, Merrill Lynch, Morgan Stanley et UBS – dont quatre européennes, ont mis au pot 7 milliards de dollars chacune pour un fond anti-faillite de 70 milliards de dollars au total.
- La BCE, la Banque d’Angleterre et la Banque Nationale de Suisse s’apprêtent aussi à pisser des liquidités, après les concertations qui ont duré tout le week-end. Dans un communiqué, la BCE se dit "prête à contribuer à des conditions ordonnées sur le marché monétaire en euro", ce que l’agence Reuters traduit à juste titre par « un signe qu’elle est disposée à ouvrir grand les robinets du crédit ».
Alors c’est maintenant ou jamais…Face au krach financier : le Nouveau Bretton Woods (le vrai)