19 juillet 2008 (Nouvelle Solidarité) – Le cauchemar d’Ambrose Evans-Pritchard, le chroniqueur financier du Daily Telegraph et porte-parole quasi-officiel de la City de Londres, pourrait partiellement devenir réalité.
D’abord, fin mai, le quotidien Le Monde publie une lettre signée par 14 doyens de la social-démocratie (Rasmussen, Rocard, etc.) sommant la Commission européenne d’agir. « La finance folle ne doit pas nous gouverner », affirment-ils.
Dès le lendemain, Evans-Pritchard, crie au scandale et hurle que toute idée de vouloir réguler la finance folle est, par définition, une attaque contre l’hégémonie de la position dominante de la finance britannique dans le monde.
C’est à cette lumière qu’il faut analyser ce qu’il se passe aujourd’hui. Selon le quotidien économique Les Echos du 18 juillet, dans un article intitulé « La titrisation sous la menace de Bruxelles », la Commission européenne chercherait à « skin the game » [faire la peau au gibier] en imposant une nouvelle règle à tous les financiers « spécialistes du transfert de risque, de titrisation aux dérivés de crédit en passant par la syndication ». La règle, sans interdire la titrisation aux banques, les obligerait de conserver 10% des titres de toute opération de transfert de risque afin de les inciter à plus d’autorégulation.
« Pour les professionnels, écrivent Les Echos, c’est la fin de leur modèle. Devant la menace du projet, 8 associations, dont l’Association internationale des dérivés (ISDA) et la Fédération bancaire européenne ont adressé un courrier commun mettant en avant son impact sur les sources de liquidité, la hausse du coût du capital et le renchérissement du coût du crédit pour les ménages, ainsi que les désavantages dont pâtiront les banques européennes. »
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En dépit de fortes oppositions, conclut Les Echos, « la question est visiblement déjà tranchée ».
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