Comme on pouvait s’y attendre, la réunion du 8 mai à Bruxelles entre les 27 ministres des Finances de l’UE n’a pas débouché sur des mesures régulatrices à l’encontre des « fonds sauterelles ».
(EIRNS) Comme on pouvait s’y attendre, la réunion du 8 mai à Bruxelles entre les 27 ministres des Finances de l’UE n’a pas débouché sur des mesures régulatrices à l’encontre des « fonds sauterelles ». Selon des fuites recueillies auprès de différents diplomates allemands et européens, cet échec est dû au « sabotage diplomatique de la Grande-Bretagne, où sont basés la plupart des fonds ». Néanmoins, le ministère allemand des Finances, Per Steinbrück, a confirmé à l’issue de cette réunion que son gouvernement reste attaché à la régulation, puisque « de nombreux intervenants sur le marché veulent aussi des contrôles ». Il s’est donc déclaré optimiste qu’à un moment donné, un code de conduite sera établi entre gouvernements de l’UE et du G-8. Au même moment, son ministère à Berlin indiquait que sans attendre ses partenaires, l’Allemagne pourrait présenter un projet de loi nationale pour « protéger l’industrie contre les fonds ».
Comme l’a laissé entendre le 10 mai devant la presse Jörg Asmussen, le directeur du ministère chargé de l’initiative législative d’« endiguement des risques » (sic), les régulations en question devraient obliger les investisseurs à révéler leur identité et à déclarer le montant réel de leurs réserves de capitaux, notamment leurs prêts à effet de levier et l’identité de leurs créanciers. Le but est de mettre fin à l’anonymat sous lequel opèrent les fonds et à dévoiler la « concertation d’actions » entre la plupart de ces fonds, qui leur donne un effet de levier privilégié entre actionnaires.
En outre, les comités d’entreprise et actionnaires devraient être mieux informés des batailles pour l’acquisition de leur entreprise - notamment lorsque de nombreux emplois sont en jeu. On voit bien, dans le cas des télécoms allemands, l’urgence de telles mesures : le fonds d’investissement Blackstone insiste en effet sur une stratégie d’externalisation de quelque 50 000 emplois de Deutsche Telekom.
On le voit aussi en Suisse, où des opérations d’acquisition ont fait la une des médias la semaine dernière. Un important quotidien, Tagesanzeiger, affirmait le 9 mai que « les spéculateurs ont tout juste commencé à s’y imposer », qu’une quantité considérable de capitaux afflue en Suisse et que, lorsque les « fantaisies industrielles » des spéculateurs se dissiperont, « des milliers de salariés en seront victimes ». Un cas soulevé est celui de Converium, l’une des plus grandes sociétés de réassurance suisses qui est sur le point de se faire avaler par sa rivale française, la Scor. Grâce à des opérations de fonds spéculatifs, cette dernière a pu acquérir une part de 33 % dans sa consoeur suisse.
Le premier assureur suisse, Zurich Financial, pourrait être le prochain sur la liste, et Warren Buffett lui-même a déclaré dans le journal Finanz & Wirtschaft que les assureurs et les réassureurs se trouvaient dans son propre collimateur.
Parmi ses cibles d’acquisition, Merrill Lynch a récemment cité Julius Baer, une des plus grosses banques suisses. Par ailleurs, des investisseurs spéculatifs viennent d’accroître leur participation dans Sulzer, le géant suisse de l’ingénierie, grâce à des collaborations internes dans la Zuercher Kantonalbank, une banque publique. Ce scandale a provoqué un tollé, entraînant la démission instantanée de la plupart des directeurs de la banque, tandis que les appels à des mesures régulatrices gagnent du terrain.