Les attentats en Arabie saoudite, en Tchétchénie, au Maroc et en Israël doivent être considérés comme une conséquence de la guerre de l’administration Bush contre l’Irak et des erreurs d’estimation de ses services de renseignement. Jonathan Stevenson, l’un des auteurs de l’étude annuelle de l’IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres, a déclaré au Guardian du 14 mai que l’attentat de Ryad « portait les empreintes » d’Al-Qaïda et pourrait être « une première indication que le changement de régime en Irak va rapidement provoquer une réaction terroriste et constitue une source d’inspiration pour des terroristes ». Il estime que la guerre anglo-américaine a « augmenté la capacité de recrutement d’Al-Qaïda ».
Dans l’Independent de Londres, Robert Fisk, son correspondant au Moyen-Orient, estimait que les attentats terroristes seront exploités par les néo-conservateurs pour pousser l’administration Bush à déstabiliser l’Arabie saoudite, notant que « pour les Perle, les Wolfowitz et les Cohen, l’Arabie saoudite fut longtemps la face cachée de Saddam Hussein. (...) Depuis le 11 septembre 2001, les néo-conservateurs du gouvernement américain nous rappellent que le régime saoudien est intrinsèquement mauvais. N’oublions pas que c’est Richard Perle qui a invité un analyste de la Rand Corporation - le très étrange Laurent Murawiec - pour expliquer à un "comité consultatif" du Pentagone (Dieu sait dans quel domaine ils sont consultés) que "les Saoudiens sont actifs à tous les niveaux de la chaîne de terreur" et que l’Arabie saoudite est le "centre du mal" . »
Entre-temps, le président russe Vladimir Poutine a rapproché les attentats de Tchétchénie et d’Arabie saoudite, disant que « les signatures sont identiques ». Pour le chef des opérations en Tchétchénie de la FSB (service de sécurité russe), le colonel Ilya Chbalkine, « tous les attentats terroristes commis sur le territoire tchétchène sont financés par des organisations terroristes internationales, dont Al-Qaïda ». Les dirigeants rebelles tchétchènes sont, à son sens, « des marionnettes dans les mains de terroristes internationaux qui font tout ce qu’on leur dit de faire . »
Les attentats kamikazes de Casablanca, qui ont fait 40 victimes, menacent de déstabilisation un autre régime considéré jusque-là comme pro-occidental. Au cours du même week-end des 17 et 18 mai, deux kamikazes ont tué 9 personnes en Israël, dont 7 passagers d’un bus à Jérusalem. Le Premier ministre Ariel Sharon a profité de l’occasion pour annuler sa visite aux Etats-Unis où il devait rencontrer le président Bush. Cette annulation pourrait se traduire par un gel de la « feuille de route » de la paix au Moyen-Orient et par une escalade du conflit israélo-palestinien.
Entre-temps, les gouvernements américain et britannique ont lancé des avertissements officiels sur le danger de terrorisme en Afrique orientale, en particulier au Kenya, en Ouganda, à Djibouti, en Erythrée et en Ethiopie.