Paris, le 3 décembre (Nouvelle Solidarité)—L’avertissement de Jacques Attali dans sa dernière chronique de L’Express (27/11) est dramatique. « Si les socialistes européens ne sont pas capables » de faire face à la crise économique gravissime qui arrive, « la faillite de l’économie libérale ouvrira la voie, une fois de plus, à des caricatures de socialisme, c’est-à-dire, à des Etats totalitaires empruntant à la social-démocratie ses idées économiques (grands travaux et nationalisations) et en lui ajoutant des privations de liberté et des boucs émissaires. »
Cherchant à mettre fin aux tendances « suicidaires » de l’actuelle direction du Parti socialiste, Jacques Attali dresse un tableau brutal de la situation et dénonce la « solution du pire » adoptée par un certain nombre. « Ceux qui sont plus informés que les autres des catastrophes à venir prennent des dispositions, encore très discrètes, dont les effets désastreux seront bientôt visibles », avertit Attali. « Ainsi, les banques utilisent tous les prétextes pour se faire rembourser par anticipation leurs prêts aux PME – les contraignant à la faillite – et aux particuliers – détruisant le secteur du logement. Les grandes entreprises arrêtent les recrutements et préparent de vastes plans de licenciement. (…) Et comme on compense tout cela par d’immenses injections monétaires, sans contrepartie, s’annoncent des menaces épouvantables. Dans l’ordre, un chômage considérable, une dépression puis une inflation massive. C’est-à-dire, à l’échelle du monde, ce qui s’est passé en Allemagne dans les années 1920. »
« Les partis sociaux-démocrates devraient n’avoir qu’une idée en tête : se doter d’un programme commun très ambitieux pour les prochaines élections européennes », fondé sur « un fonds souverain continental de 1 trillion d’euros pour financer de grands travaux ; une politique industrielle et une reconversion écologique majeure », qui, seule, « pourra sauver la démocratie. Mais qui s’en soucie ? »
Bien que nous partagions entièrement l’analyse de Jacques Attali concernant à la fois la gravité de la situation et la folie suicidaire du Parti socialiste, son projet nous laisse songeurs à deux titres :
1) Il ne propose rien d’essentiel par rapport à la masse de titres spéculatifs circulant au niveau international, qui représentent des millions de milliards de dollars. Or, dans la faillite du système néolibéral comme dans toute faillite, ces titres purement spéculatifs chercheront à se rembourser, tout comme les dettes publiques et privées encourues pour des raisons réelles. Avec un montant estimé de l’ordre de 1,4 million de milliards de dollars pour ces titres spéculatifs (produits dérivés, titrisations, etc.), comparé aux 55000 milliards que représente la somme de tous les produits nationaux bruts (PNB) des pays du monde, il est clair que toutes les créances spéculatives ne pourront être remboursées, à moins que ce ne soit au détriment de des facteurs réels de l’économie (investissements productifs, salaires, etc.). C’est pourquoi nous disons dans ce journal qu’avant d’investir un centime de plus dans un système moribond, il faut d’abord éliminer la mauvaise dette et ne garder que celle qui concerne les activités productives. Dégager d’abord le terrain est nécessaire pour reconstruire.
2) D’où viendra ce trillion d’euros avec lequel M. Attali compte doter son fonds souverain continental, alors que l’Allemagne refuse d’investir un centime de plus que les 32 milliards qu’elle a déjà engloutis dans son économie ces dernières semaines, et que la France, la deuxième économie continentale, peine à mettre 20 milliards dans son propre Fonds stratégique ? Avoir recours au marché serait suicidaire. Même si les taux actuels sont bas, il faudrait qu’ils le soient encore plus et qu’ils le restent à très long terme. Ce type de montant ne peut être généré que si l’on restaure le crédit productif public du New Deal et de la reconstruction d’après guerre, par lequel les Etats, via leurs banques nationales, émettent du crédit ex nihilo à long terme et à bon marché en faveur de la recherche dans les domaines de pointe, des applications industrielles et des grands projets d’infrastructures.
Fort de son expérience, Jacques Attali ne peut pas l’ignorer, encore moins que les dirigeants socialistes qu’il somme d’agir. Il serait essentiel, pour échapper à l’horizon noir qu’il voit venir, qu’il mette tous les problèmes de fond sur la table avec ceux qui partagent son diagnostic.
# Christophe Paquien
• 05/12/2008 - 15:00
Robin,
Moi, je ne sais pas pourquoi LaRouche et Cheminade parlent des "britanniques", et pas des "anglo-saxons".
Ce que je sais, c’est qu’ils attaquent une idéologie et des groupes de pression associés qui ont migré de Venise à la City.
C’est vrai qu’ils pourraient utiliser d’autres termes. Mais en même temps, je me dis que peut-être "britanniques" réfère à quelque chose de spécifique...? Par exemple un Empire, partit d’Angleterre, qui a annexé l’Écosse et le Pays de Galles (avant d’aller plus loin). Et de ce point de vue, "britannique" n’a rien a voir avec la population et est donc approprié.
# Nico
• 05/12/2008 - 15:48
Coco pour répondre à ton message, effectivement le terme britanniques ne désignent pas le peuple de grande-bretagne mais bien la minorité dirigeante dans ce pays.
Lorsqu’on parle de l’oligarchie financière, il faut toujours garder à l’esprit qu’on parle d’une élite peu importe le pays dans lequel elle agit, ces gens là ne sont pas attachés à une patrie spécifique. c’est d’ailleurs pour ça qu’il peuvent laisser couler les états-unis sans un seul remord.
Ceci dit c’est vrai que je trouve le terme anglo-saxons moins ambigu, parce que la réalité des choses, c’est que ces gens pilotent l’empire depuis londres et wall-street, alors oui je suis de ton avis, anglo-saxons est plus vrai à mon sens.
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# Senec
• 05/12/2008 - 06:02
A qui ou à quoi se fier, désormais ?
La Tour de Babel dans toute sa splendeur !
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# Christophe Paquien
• 04/12/2008 - 14:32
Je ne comprends pas pourquoi S&P cite ce type dont ont connait la dangerosité.
Quand je vois Attali, je vois Mitterrand et toutes ses magouilles, ses mensonges, et surtout son âme qu’il a vendu, il y a bien longtemps, à l’oligarchie.
Qu’attendez-vous de ce type ?
Il va nous faire pleurer avec son analyse tout en cynisme, pour ensuite nous faire prendre par derrière.
Je ne comprends pas que vous ne vous en rendiez pas compte ?
Eh, Oh, c’est comme ça qu’agit la synarchie !
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# France Furby
• 03/12/2008 - 19:40
"Los Angeles demeurera le centre culturel,technologique et industriel du pays ;Washington la capitale politique et New-York la métropole financière.Les Etats-Unis garderont longtemps encore le contrôle des technologies de la défense,du transport des données, de la micro-électronique, de l’énergie, des télécommunications,de l’aéronautique,des moteurs,des matériaux,des systèmes de guidage. Ils maintiendront durablement leur part dans la production mondiale ;leurs déficits continueront de fonctionner comme des machines à développer la consommation aux Etas-Unis et ailleurs. Au total,pendant les deux prochaines décennies au moins , et même si la croissance américaine pourrait être provisoirement interrompue par des crises financières, des récessions ou par des conflits,l’essentiel des évènements culturels,politiques,militaires,esthétiques,moraux et sociaux de la planète accentuera la suprématie des Etats-Unis...." Une brève histoire de l’avenir Jacques Attali publié en 2006 ; p 167
# Bertrand Buisson
• 03/12/2008 - 20:50
Ca confirme mon hypothèse : Attali dit autant de choses que possible pour être sûr de ne jamais être à côté de la plaque.
C’est peut-être une tronche mais politiquement il ne vaut rien du tout.
Au passage on peut se demander où est-ce qu’il a pompé cette analyse qui ne correspond en rien à ce qu’il a pouvait dire il y a un an.
# Nico
• 04/12/2008 - 14:11
Effectivement on se demande d’où sortent ces jolies phrases ! (suivez mon regard)
Je pense que le père jako doit commencer à avoir peur que sa tête ne reste pas éternellement à sa place s’il continue ses bêtises néo-libérales, et il prépare le terrain pour pouvoir dire un jour : "vous voyez, je l’avais dit, je suis avec vous mes amis, laissez moi !!!!!!!"
Maintenant j’attends de voir s’il est toujours chaud pour son super gouvernement mondial de banquiers ? est-ce que sur les solutions aussi il a changé d’avis ?
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# ybabel
• 04/12/2008 - 13:36
Les réponses sont quelques articles plus bas sur le même blog...
Il propose la mise en place d’un organisme pour nettoyer les CDS
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