Nos amis allemands du Mouvement des droits civiques/Solidarité participent aux élections régionales de Saxe, qui se dérouleront le 19 septembre 2004. C’est avec cette « lettre aux Saxons », d’Helga Zepp-LaRouche, que le Parti a lancé la phase active de sa campagne lors de la deuxième quinzaine de juillet. Les élections dans le Land de Saxe peuvent et doivent déboucher sur un tournant stratégique dans la politique économique, non seulement pour l’Allemagne, mais pour toute l’Europe. Pourquoi ? Tout simplement parce que la politique de l’Union européenne, basée sur le pacte de stabilité et le traité de Maastricht, ainsi que le programme d’austérité adopté par le gouvernement de Berlin (Hartz-IV), sont absurdes du point de vue économique et, sur le plan humain, franchement criminels.
En Saxe, les jeunes larouchistes
relancent la « révolution » des lundis
En Saxe, la situation est catastrophique. Une économie basée sur l’accumulation primitive (communiste), suivie de 15 années de pillage au nom du « libéralisme », ont laissé des traces. A Leipzig, le chômage frappe 28% de la population active, dans d’autres villes de Saxe, il s’élève jusqu’à 50% parmi les jeunes. En même temps, la population diminue rapidement, les gens préférant quitter la région pour chercher du travail dans d’autres Länder ou à l’étranger. Les Saxons sont, à leur façon, désespérés. D’un côté, certains regrettent « le bon vieux temps » de l’ancienne Allemagne de l’Est (RDA). Cette nostalgie irrationnelle montre à quel point le concept et la compréhension de l’histoire qu’a Lyndon LaRouche sont nécessaires pour saisir ce qui se passe ici, et plus encore pour élaborer une solution. Mais d’un autre côté, en parlant avec les Saxons, on retrouve quelque part l’écho du grand héritage classique de l’Allemagne. On découvre qu’il est encore vivant en eux lorsque, souvent à leur grande surprise, nous amenons dans la discussion nos amis Jean-Sébastien Bach, le baron vom Stein ou Gotthold Ephraim Lessing. Dans la gare centrale de Leipzig, on peut voir un buste du grand économiste germano-américain Friedrich List ; en rappelant aux gens qui il était et ce qu’il représentait, nous découvrons que certains le connaissent déjà. Nous avons même rencontré des SDF qui nous ont récité des poèmes de Schiller ! Cependant, mener une campagne politique comme celle-là n’est pas aussi facile qu’elle pourrait le paraître au premier abord.
Notre défi
Pendant la révolution de 1989, il existait un danger de riposte violente. Six mois auparavant, on avait assisté à la répression brutale de la place Tienanmen à Pékin. La police et les forces armées est-allemandes étaient en alerte, personne ne savait ce qui allait se passer, mais les gens eurent le courage de croire fermement en une révolution pacifique, idée qu’ils nourrissaient en chantant des Spirituals hérités du mouvement des droits civiques de Martin Luther King. C’était il y a 15 ans. Aujourd’hui, on parle à nouveau de changement. Tous les jours, nous sommes confrontés à des expressions de ce pressentiment, mais cette fois-ci, on évoque avec inquiétude la possibilité d’une révolution violente. Il est clair que les gens ne vont pas accepter encore longtemps la politique anti-sociale dictée par le gouvernement de Berlin. Les réformes Hartz IV (partie du programme d’austérité « Agenda 2010 » du gouvernement Schröder), qui vont précipiter dans la pauvreté 4,5 millions de personnes, dont plus de 1,5 million d’enfants - voilà la question principale qui préoccupe tout le monde. Les gens n’en peuvent plus, mais ils ont terriblement besoin d’idées - de nos idées. Tous les lundis, les militants du LYM présents en Saxe vont se rendre à Leipzig pour faire revivre l’esprit des manifestations de l’automne 1989, qui se déroulaient régulièrement chaque lundi soir et aboutirent à la chute du régime est-allemand. Déjà, beaucoup se rappellent du discours d’Amelia Boynton Robinson devant les 30 000 personnes rassemblées ici il y a un an et demi. « Ah oui, la vieille dame noire qui a travaillé avec Martin Luther King et ce type dont elle parlait... LaRouche. » Ils sont vraiment contents de nous voir ! Certains se joignent à nous sur le champ et distribuent des tracts à nos côtés. La semaine prochaine, espérons-nous, ils viendront à la manifestation avec des amis et des membres de leurs familles. Nous marchons avec eux dans les rues de Leipzig, chantant joyeusement, y compris notre bel hymne national sur la musique de Haydn. Avec puissance et amour, nous mettons les gens devant la réalité. Nous leur demandons de vivre en accord avec leur tâche et la nôtre : celle de changer l’ensemble de l’Europe et du monde en faisant capoter la politique d’austérité pouvant mener au fascisme, en tournant le dos au sinistre changement de paradigme culturel et en utilisant la Saxe comme opération de flanc pour cela. Nous, les jeunes larouchistes, ne pouvons y parvenir que si nous faisons sauter tous les blocages. L’effet produit par une blague en dit long sur la manière dont fonctionne la peur : alors que la peur est comme un système algébrique, fixe, linéaire, qui limite l’esprit humain, la blague sert de flanc permettant d’échapper à la contrainte en se plaçant à un niveau plus élevé. C’est ce que nous voulons réaliser avec la campagne que nous menons ici. Il ne s’agit pas d’une série de « semaines d’action » parsemées de séminaires, mais d’une campagne politique. Pour transformer la population, nous allons transformer notre propre organisation, en nous efforçant de nous développer toujours plus, à l’image de la vie sublime de Friedrich Schiller. Cette mission historique, nous la portons dans notre coeur ; ce sera notre mission. Stefan Tolksdorf |
La Saxe a besoin
d’une initiative en matière d’investissement productif
Au cours des 15 dernières années, la reconstruction des industries saxonnes a connu ici et là des succès remarquables, notamment dans l’automobile, l’électronique et la machine-outil. L’infrastructure a bénéficié de 23 milliards d’euros d’investissements. Mais au cours de la même période, un énorme potentiel industriel a été éliminé. Près de 500 000 personnes ont été mises au chômage et, par rapport aux Länder de l’Ouest, il manque près de 300 000 emplois industriels. Bien plus que le reste de l’Allemagne, la Saxe a donc besoin de niveaux beaucoup plus élevés d’investissements productifs, tant privés que publics, pour rebâtir son industrie et son infrastructure. Au milieu des années 90, le montant total des investissements productifs en Saxe dépassait les 30 milliards d’euros, mais il a chuté depuis pour n’atteindre plus qu’une vingtaine de milliards d’euros. La présidente du BüSo, Helga Zepp-LaRouche, a mentionné que, compte tenu de l’immense retard en matière d’investissements, l’Europe a besoin de 1000 milliards d’euros d’investissement productif en plus chaque année. La part de l’Allemagne représente 200 milliards d’investissements nets annuels. Pour la Saxe, qui représente 5% de la population allemande, cela signifie 15 à 20 milliards d’euros en investissements additionnels par an afin de surmonter le retard infrastructurel, réindustrialiser l’économie et réaliser le plein emploi. La première étape devrait être une énorme augmentation de l’investissement dans la construction d’infrastructure publique, financée par une émission « non orthodoxe » de crédit, comme le fait d’accorder un crédit de type banque nationale pour des catégories précisément définies de projets d’infrastructure et de technologie, en recourant par exemple à la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW - banque de reconstruction). Le BüSo propose spécifiquement de bâtir un réseau de trains à lévitation magnétique (Transrapid) à l’échelle du Land, qui agirait comme son homologue de Shanghaï, à l’autre bout du Pont terrestre eurasiatique, en tant que moteur pour introduire cette technologie révolutionnaire. Pour bâtir ce réseau Transrapid et surmonter les autres goulets d’étranglement en Saxe, il faut près de 5 milliards d’euros en investissements nets annuels, sans compter 5 autres milliards d’euros par an dans l’infrastructure municipale. Ces investissements relanceraient les investissements productifs privés. Ce processus doit être cependant soutenu par de nouveaux mécanismes de crédit et une expansion massive des programmes de la KfW et des diverses banques de développement saxonnes en faveur des PMI. En Saxe, en effet, les PMI sont relativement petites et ont besoin d’assistance en termes de crédits, de garanties de crédit, de capitaux propres, de logistique à l’exportation et pour construire des équipements en R&D. |
Vous, en Saxe, savez bien que la grande occasion offerte par la chute du mur de Berlin en 1989, considérée alors à juste titre comme une heure de gloire pour toute l’humanité, a été ratée. Alors que l’on aurait pu la saisir pour mettre en place une infrastructure moderne et des « couloirs de développement », suivant les propositions de mon programme de « triangle productif Paris-Berlin-Vienne », l’économie a été saccagée.
Il s’ensuivit la privatisation au profit des seuls intérêts bancaires et le démantèlement d’usines prétendument « vétustes ». Derrière cette politique, se cache l’intention de Bush père, Thatcher et Mitterrand d’empêcher l’Allemagne réunifiée de jouer un rôle dans le développement de l’Europe de l’Est. A la place, la Russie devait être réduite au rang de pays du tiers monde, exportateur de matières premières. C’est là la véritable raison de la création hâtive de l’union monétaire européenne et du traité néo-libéral de Maastricht. A l’époque déjà, je vous avais prévenus : la tentative de greffer sur un système communiste ruiné un système « de marché » tout aussi ruiné ne pouvait que mener, au bout de quelques années, à un effondrement encore plus dramatique du système ! Nous y voilà désormais. Nous nous trouvons dans la phase terminale d’une crise économique et financière mondiale, bien pire que celle des années trente. Les institutions financières dominantes cherchent par tous les moyens à empêcher l’effondrement du système avant le mois de novembre, afin d’assurer la victoire de George W. Bush, mais nul ne peut prédire l’issue d’une entreprise aussi hasardeuse.
Sous la coupe du traité de Maastricht, le gouvernement fédéral, totalement soutenu, il faut le dire, par l’opposition, vient de lancer l’attaque la plus brutale contre le système social depuis 1945. Selon les associations sociales, Hartz IV précipitera dans la misère 4,5 millions de personnes - sans même tenir compte des effets d’un krach du système financier. Ceux qui ont le malheur d’être au chômage depuis plus d’un an seront d’abord spoliés de ce qu’ils possèdent : avant d’obtenir un centime de l’assurance chômage, ils devront vendre leurs biens disponibles, maison ou appartement, voiture, as surance-vie, plan de retraite privé, etc. Ensuite viendront les visites à domicile de la part de l’agence fédérale pour l’emploi afin de vérifier si les personnes concernées sont réellement pauvres.
On espère ainsi obliger les chômeurs à accepter n’importe quel poste. Pourtant, Hartz IV ne permettra pas de créer un seul emploi, il humiliera seulement les chômeurs en les obligeant à rédiger des demandes d’emploi auxquelles la réponse négative est parfaitement prévisible. Hartz IV condamnera au moins 1,5 million d’enfants à vivre dans la misère. Or les statistiques montrent que les pauvres vivent en moyenne sept ans de moins.
Cette politique économique absurde, promue par les grands partis, prouve non seulement qu’ils n’ont cure de l’intérêt général de la nation, mais qu’ils n’ont rien appris de l’histoire. Cette attaque brutale contre le niveau de vie est une copie conforme de celle de Hjalmar Schacht et de Brüning, qui ouvrirent la voie à Hitler. En outre, les auteurs de ces mesures sont totalement incompétents en matière économique, car dans une dépression, une politique d’austérité est le contraire de ce qu’il faut faire, elle détruit encore plus d’emplois et réduit d’autant l’assiette des revenus fiscaux.
Il existe pourtant une véritable alternative ! Le « Pont terrestre eurasiatique » proposé par le BüSo est un programme permettant la croissance économique de tout le continent grâce à des corridors d’infrastructure. Trains à lévitation magnétique, voies ferrées, autoroutes et voies fluviales doivent former un réseau de transport reliant toute l’Eurasie, qui sera complété par des infrastructures énergétiques et de communications.
Suivant le modèle de la Banque de reconstruction d’après-guerre, chacun des pays concernés doit mettre à disposition des crédits publics. Telle fut d’ailleurs la voie suivie par Franklin Roosevelt pour sortir les Etats-Unis de la grande crise des années 30, alors que nous, en Allemagne, avons été suffisamment stupides pour aider Hitler à prendre le pouvoir en s’appuyant sur les mesures d’exception de Brüning !
L’heure est venue d’un retour au plein emploi dans les secteurs productifs. Pour cela, l’Allemagne doit, grâce au progrès économique et technologique, devenir un leader mondial et exporter 40% de sa production. Les marchés tout indiqués se trouvent en Asie : la Chine, l’Inde, la Russie, l’Asie du Sud-Est et du Sud-Ouest.
Pour la Saxe, véritable pont entre l’Europe de l’Ouest et de l’Est, ce programme fournit l’issue à la crise. Nous devons retrouver l’esprit de pionnier tel qu’il se développa à l’Ecole des mines de Freiberg, où étudièrent et enseignèrent de grands scientifiques comme A. de Humboldt, le baron von Stein et Lomonossoff. Des jeunes vinrent du monde entier pour y étudier. Parmi les hôtes de marque, citons Pierre le Grand et Lyndon LaRouche.
La Saxe peut s’enorgueillir de sa magnifique tradition artistique et scientifique : Silbermann, facteur d’orgue, Jean-Sébastian Bach, le père de la composition classique, Lessing, sans qui la poésie classique allemande serait impensable, Böttger, qui redécouvrit l’art de fabriquer la porcelaine, August I (1670-1733) et Heinrich Friedrich vom Stein (1757-1831), ainsi que le grand Friedrich List, qui fut consul américain à Leipzig. On pense aussi à Chemnitz et à sa grande tradition de machine-outil - pour ne citer que quelques éléments de la richesse spirituelle de la Saxe.
Le tournant peut et doit partir de Saxe. Il est désormais plus qu’évident que la poursuite de la politique des grands partis nous mène droit dans le mur. La facture leur fut présentée lors des dernières élections européennes : tous, que ce soit la CDU, le SPD et même le PDS, ont perdu en nombre absolu de voix. En Saxe, le SPD n’en a recueilli que 11,9%. A peine 46,2% des électeurs se sont donnés la peine de voter. Le renoncement volontaire au droit de vote représente un recul social, laissant la voie libre à ceux qui s’activent dans l’intérêt des banques - contre celui des populations.
Le Mouvement des droits civiques/Solidarité a pris ce nom car nous savions que, dans le cadre de cette crise qui se développe depuis longtemps déjà, les droits civiques fondamentaux seraient remis en cause - droit de vote, plein emploi, droit à la vie et au bonheur - et qu’un esprit de solidarité serait indispensable pour en venir à bout.
Nous vous appelons, vous les Saxons, à vous battre à nos côtés pour réaliser ce tournant. D’ici doit partir le signal signifiant que les citoyens ne se laisseront plus traiter comme des laquais, qu’ils vont prendre en mains leur destin. Un premier système est tombé en 1989 et maintenant, en 2004, l’autre, celui du marché libre et de la globalisation, est en train de couler. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une révolution pacifique pour mettre enfin en oeuvre un programme économique pour le bien commun. écrit-il.