Le 23 avril (Nouvelle Solidarité) – Avec l’émission Fakt, qui passe à une heure à grande écoute, la plus importante chaîne de la télévision allemande a mis en pièces le rapport des cinq anciens chefs d’état major. Ce document préparatoire au sommet de l’OTAN de Bucarest envisageait notamment l’emploi de l’arme nucléaire « en premier » et l’intégration des structures militaires de l’OTAN et de l’UE.
L’émission s’est concentrée sur la personne du général allemand Klaus Naumann (CR) ainsi que sur son homologue britannique Lord Inge, tout deux figurants dans le conseil de surveillance de société allemande OWR, AG., qui fabrique des systèmes de protection en cas de guerre nucléaire, bactériologique et chimique et qui a comme client l’armée allemande. De plus, Lord Inge siège dans le conseil de la Société militaire privée (mercenaires) Aegis Defense qui joue un rôle de premier plan pour les Britanniques en Irak.
Après avoir dépeint les conceptions folles de ces généraux, le réalisateur de l’émission présenta plusieurs hommes politiques allemands se disant fortement « surpris » de tels propos. Face à une citation précise de Naumann, le général Karl Demmer, ancien inspecteur de la division médicale de l’armée allemande s’est dit en complet désaccord avec ce dernier car selon lui, « il n’y aurait jamais de frappes nucléaires ponctuelles car l’Etat ou le groupe visé tentera forcément de riposter. Alors, la situation deviendra rapidement incontrôlable et pourra dégénérer en désastre nucléaire mondial. »
L’émission fait également référence au vice-président du groupe parlementaire socialiste Walter Kolbow, ancien sous secrétaire d’Etat à la Défense. Ce dernier souligne que des attaques nucléaires préventives comme celles que réclame le rapport sont « exclues d’office en Allemagne, car interdites par l’article 26 de la Loi fondamentale allemande » qui rend illégale toute « guerre d’agression ». Ainsi, ajoute-t-il, « ces messieurs à la retraite s’avancent sur un terrain totalement inacceptable »
Des élus, comme le vert Christian Stroebele et le socialiste Rolf Muetzenich ont mis en doute l’intégrité de Naumann. Ce dernier a répondu à de telles interrogations en affirmant, lors de l’émission, qu’il ne voit aucun conflit d’intérêt.
Cependant, note le journaliste, le simple fait qu’un grand débat s’ouvre sur la question de frappes nucléaires, profite déjà à des sociétés qui vendent du matériel de protection.
Certains élus allemands semblent résolus à faire toute la lumière sur cette affaire, car « les penseurs stratégiques nous doivent la transparence ». Le fait que certains auteurs d’un tel rapport soient de connivence avec les fabricants de matériel militaire jette déjà le discrédit sur toute la démarche.
L’émission n’est pas entièrement étrangère à la campagne qu’ont menée Helga Zepp-LaRouche et son parti le Büso depuis des semaines contre la pensée délirante des nouveaux maîtres de l’OTAN.
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