12 mai 2008 (Nouvelle Solidarité) — Dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche (11/05), le Président sénégalais, Abdoulaye Wade, déclare : « J’entends donc saisir l’occasion fournie par cette crise pour assurer enfin notre indépendance alimentaire » et même pour parvenir « à une production agricole excédentaire ». Comment y arriver ? Déjà en rejetant les solutions qui ne s’attaquent pas aux problèmes de fond : « A chaque crise alimentaire en Afrique, on nous propose d’éteindre l’incendie sans lutte contre ses causes. On nous envoie des avions avec de l’aide d’urgence au lieu de nous aider à produire ce que nous mangeons. » Dans quelques temps la communauté internationale dira : « nous avons donné un ou deux milliards de dollars pour régler la crise alimentaire en Afrique », mais personne ne saura où est passé cet argent. De « cet argent je ne veux pas », ajoute le Président sénégalais, « mais si on me dit : « On va vous donner des pesticides, des semences, des tracteurs…. », Je prends ! »
Abdoulaye Wade indique ensuite le type de solution qu’il met de l’avant : un accord de 6 ans signé récemment avec l’Inde pour l’achat de riz. Au cours de la première année l’Inde fournira 600.000 tonnes de riz au Sénégal, c’est-à-dire la totalité de la consommation annuelle du pays. Mais, ajoute le Président sénégalais, nous avons demandé à l’Inde « de nous assister techniquement, avec du matériel, des semences et de l’encadrement, pour que nous puissions à notre tour produire du riz ». Ainsi, « la deuxième année, l’Inde ne nous fournira plus que 500,000 tonnes de riz, la troisième, 400.000 tonnes… jusqu’au terme d’un plan de six ans ».
Le Président sénégalais a rappelé comment, en 2003, il n’avait fallu que quelques mois pour que le Sénégal porte sa production de manioc de 80 000 à 450 000 tonnes, après qu’Abdoulaye Wade a découvert que le Nigeria exportait beaucoup de manioc aux Etats-Unis. Inspiré par ces succès, M. Wade a décidé de lancer la « Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance ».