La Troïka vient de confisquer les dépôts des citoyens chypriotes pour « sauver le système bancaire ». Aux Etats-Unis, la confiscation des dépôts fut appliquée dès 1931...
Dennis Mason, pour le Comité d’action politique de l’économiste américain Lyndon LaRouche (LPAC) s’est entretenu avec Paul Gallagher, rédacteur économique de l’Executive Intelligence Review (EIR). Extrait.
Dennis Mason : En ce qui concerne la nouvelle procédure de mise en faillite des établissements financiers, dite plan de « résolution » qui, au lieu de faire appel au renflouement par les Etats, opèrera par une procédure de « bail-in » (valorisation des ressources propres des banques allant jusqu’à la confiscation des dépôts), il s’avère qu’au début des années 1930, les mêmes pratiques avaient été constatées et condamnées en justice par le procureur américain Ferdinand Pecora nommé par le Président Franklin Roosevelt à la tête d’une commission d’enquête sur la crise financière.
Aujourd’hui, le rapport du Conseil de stabilité financière des Etats-Unis (FSB) affirme qu’avec le bail-in, on peut offrir des titres (actions, etc.) de la banque aux clients, en échange de leurs dépôts. Seulement, une fois l’échange effectué on procède à une dévaluation massive des titres.
Ainsi, on s’empare de l’argent des citoyens afin de maintenir la banque en vie, comme nous le voyons aujourd’hui avec ce qui se passe en Nouvelle-Zélande. Les banquiers ont programmé les ordinateurs pour rendre cette procédure entièrement automatique. Si la banque a besoin d’une procédure de « résolution ouverte » [procédure de mise en faillite ordonnée sans fermeture de la banque] dans la nuit, les ordinateurs déterminent de combien ils ont besoin, et retirent ce qui est disponible dans la banque, pour que le lendemain matin, la banque continue à fonctionner. Peux-tu développer à ce sujet ?
Paul Gallagher : Grâce aux enquêtes menées par Ferdinand Pecora sur la période de 1926-1930, nous savons que les déposants ont été transformés d’office en actionnaires, comme cela est fait aujourd’hui avec certains déposants à Chypre où pour compenser les montants des dépôts qu’on prenne aux gens, on leur offre des actions de leur banque en faillite ! L’Espagne fournit un autre exemple : les déposants de six caisses d’épargne [regroupées dans Bankia] ont été bernés suite à la transformation il y a trois ans de leur épargne en actions de leur « nouvelle » banque, Bankia. Or, il y a deux semaines, la valeur de ces actions s’est effondrée, alors que Bankia est toujours ouverte !
Ce dernier exemple est exactement de la même nature que ce qui a suivi le krach de 1929. A l’époque, ce type de pratiques donna lieu à la vindicte populaire, puis à l’audition des banques par Pecora en 1933. Cela a commencé en 1932, et lorsque Pecora prit la tête des investigations, il se concentra sur la National City Bank, la plus grande banque commerciale de l’époque, avec des succursales partout dans le pays. Cette banque organisa une campagne intensive via la National City Corporation, sa filiale, présente sur tout le territoire pour forcer les déposants et les employés à acheter des actions de la National City ! Puis, on les a obligés à acheter d’autres stock-options de la National City Compagny, qui servaient aux initiés de la banque à spéculer et faire de l’argent. Quand le Krach est arrivé en 1929, et particulièrement l’année suivante 1930, puis début 1931, la plupart des déposants qui avaient converti leurs dépôts en actions, perdirent tout leur argent, et se firent plumer de la même façon.
Mason : Cela représente les économies de toute une vie ! Tout ce pourquoi ils avaient travaillé, disparut !
Gallagher : Oui, c’est ça. Le rapport du 6 juin 1934, qui est le rapport final du comité bancaire du Sénat dirigé par Pecora, qui mena au Glass-Steagall Act (loi de réforme bancaire), est plein d’anecdotes de personnes dont les économies de toute une vie disparurent, incluant des gens qui avaient pas mal d’argent au départ, mais qui ont tout perdu au final, alors que la National City Bank était non seulement restée ouverte, mais jusqu’aux auditions du Sénat, avait gardé une réputation aussi excellente que celle de JP Morgan aujourd’hui, celle d’une banque remarquablement gérée, irréprochable. Jusqu’au jour où Pecora coinça Charles Mitchell, le PDG de National City, et ruina sa réputation en montrant exactement ce que sa banque avait fait pour rester ouverte en utilisant de tels procédés.
Le rapport final du Sénat reprend d’ailleurs les termes exacts de la loi Glass-Steagall pour faire en sorte que ce type de pocédés soit rendu non seulement illégal mais impossible dans la pratique. C’est là qu’on retrouve l’affirmation claire qu’il doit exister l’obligation de séparation entre banques d’affaires et banques de dépôt. Cette ligne de séparation fut imposée par le gouvernement central, pour toutes les banques qui étaient sous l’autorité de la Réserve fédérale, comme les banques commerciales.
Ce grand « nettoyage » (Commission Pecora et Glass-Steagall) a été opéré suite au hold-up de la National City Bank sur les dépôts de ses propres clients. Pourtant, il s’agissait de la première banque de cette époque, une banque d’une réputation irréprochable.
Espérons qu’aujourd’hui, suite au hold-up sur Chypre et sur les épargnants espagnols, un nouveau Glass-Steagall voit le jour.
# petite souris
• 09/04/2013 - 23:05
les mêmes causes produisant les mêmes effets ..........
Peccora, Glass & Steagall revenez vite !
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