A l’intention de ceux qui poussent à un conflit militaire à court terme avec l’Iran, Lyndon LaRouche a lancé cette mise en garde le 3 février. « Une confrontation avec l’Iran ou même une frappe militaire plus limitée contre la Syrie ne serait que l’amorce, la véritable bombe étant l’effondrement de tout le système financier et monétaire international. »
Si les partisans d’un affrontement avec l’Iran, au sein du gouvernement américain, notamment le vice-président Cheney, ignorent ce danger, dit LaRouche, « on ne rencontre pas une telle naïveté chez les cercles synarchistes basés à Londres » qui l’orchestrent. « Les cercles synarchistes de la City of London, qui prônent une dictature fasciste mondiale des banquiers, tirent les ficelles de certains islamistes extrémistes depuis l’époque du traité Sykes-Picot et depuis que le renseignement britannique a parrainé l’organisation des Frères musulmans dans les années 1920. »
Nous sommes face à un conflit « encore plus effroyable que la Première Guerre mondiale, parce que le système financier et monétaire mondial est déjà au bord de la désintégration. Tout nouvel affrontement militaire dans ce foyer pétrolier du monde, notamment s’il entraîne l’utilisation préemptive d’armes nucléaires, déclencherait un chaos global et un nouvel âge des ténèbres. Les idiots à Washington, représentés par Dick Cheney, n’ont aucune idée de l’explosion qu’ils vont provoquer. Ils suivent simplement les ordres de synarchistes comme George Shultz. »
Néanmoins, poursuivit LaRouche, leurs actions risquent de détruire aussi les Etats-Unis en tant que république souveraine, de la même façon que la nomination d’une personne comme Sam Alito à la Cour suprême revient à bafouer la Constitution américaine.
Les cercles financiers de Londres, estimait LaRouche, empruntent le vieux modus operandi de Venise. « Tout au long de l’histoire de l’Empire britannique, lancé à partir de l’orchestration de la guerre de Sept ans (1756-1763), Londres a systématiquement employé la méthode vénitienne consistant à orchestrer des guerres dans toute l’Eurasie afin de maintenir son pouvoir face aux défis venant du continent.
« Regardez l’histoire, et vous constaterez le même mode qui revient : la guerre de Sept ans, la Révolution française orchestrée par la Compagnie britannique des Indes orientales, les guerres napoléoniennes, la guerre de Crimée, la guerre de Sécession aux Etats-Unis, l’invasion du Mexique par une France soutenue par la Grande-Bretagne, la Première Guerre mondiale et la Deuxième, la Guerre froide de Winston Churchill, la guerre d’Indochine. Les Britanniques aiment lancer des guerres qu’ils poussent deux parties adverses à mener.
« Quelquefois, comme ce fut le cas dans les deux guerres mondiales, les Britanniques y participent, et subissent même de lourdes pertes. Mais c’est le prix à payer pour la manipulation de leurs rivaux dans des conflits dont la faction financière impériale de Londres sort, tôt ou tard, victorieuse. Aujourd’hui, Jack Straw manipule le gouvernement iranien autant que les institutions américaines, y compris dans le Parti démocrate. »
Lorsque le système financier et monétaire mondial s’effondre, suite à une nouvelle confrontation dans le golfe Persique, « la clique financière qui détient nominalement une bonne partie des matières premières de la planète, à travers leurs hedge funds et leurs opérations off-shore, espère s’imposer. Ces cercles revendiqueront la propriété des matières premières et des capacités productives du monde, et alors nous aurons une mondialisation totale, une dictature synarchiste mondiale. »
Le 4 février, les trente-cinq membres du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) ont décidé (à 27 voix contre 3 et 5 abstentions) de transférer le dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité des Nations unies. Les efforts de dernière minute du Mouvement non aligné pour faire ajourner le vote ont été déjoués suite au compromis orchestré par la Grande-Bretagne. A peine la décision annoncée, le gouvernement iranien fit savoir que toutes les négociations diplomatiques seraient suspendues et que l’Iran reprendrait tous les aspects de son programme de retraitement nucléaire, qui était resté en suspens pendant les deux années de négociations avant d’être partiellement relancé le 10 janvier 2006, ouvrant ainsi la voie à l’épreuve de force actuelle (voir page 7 l’analyse de Lyndon LaRouche).
De son côté, le gouvernement iranien a contribué à se faire condamner en rejetant la solution proposée par la Russie, dans le cadre de laquelle une usine conjointe russo-iranienne, installée sur le sol russe, aurait fourni de l’uranium enrichi pour les centrales iraniennes. De cette façon, la communauté internationale aurait eu l’assurance que la République islamique ne développe pas de matériel utilisable à des fins militaires. Fin janvier, Ali Larijani, dirigeant du Conseil suprême de sécurité nationale iranien et négociateur en chef sur la question nucléaire, s’est rendu à Moscou pour discuter de cette proposition, se déclarant alors favorable au projet. Dans une déclaration conjointe, Larijani et son homologue russe Ivanov affirmaient que la question nucléaire devait être résolue par voie diplomatique, par l’intermédiaire de l’AIEA. Mais le soutien iranien fut brusquement retiré dès le retour du négociateur à Téhéran.
Pour ne rien arranger, Téhéran est intervenu dans un différend entre la Russie et la Géorgie sur l’approvisionnement en gaz naturel et en pétrole, en annonçant la veille de la réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qu’il garantirait l’approvisionnement énergétique de la Géorgie. Pour le président russe Vladimir Poutine, c’était une gifle pour Moscou et le signe que l’Iran n’était pas prêt à conclure un accord sur le protocole d’enrichissement et de retraitement de l’uranium.
Cette attitude de la part des autorités de Téhéran, du président Ahmadinejad et de l’ayatollah Khamenei en particulier, montre à quel point elles acceptent de jouer le rôle de pions dans le « grand jeu » britannique - tout comme le font, dans l’autre camp, la clique de George Shultz et de Dick Cheney à Washington.
Tout le monde attend désormais la session du 6 mars de l’AIEA, au cours de laquelle Mohammed El Baradei doit présenter son rapport sur le programme nucléaire iranien. Cependant, le vote du 4 février rend pratiquement certain que le Conseil de sécurité sera saisi du dossier, ce qui risque d’être suivi de sanctions, voire même de frappes militaires.
Pour bien comprendre les événements actuels et apprécier les intrigues orchestrées depuis Londres par l’intermédiaire du gouvernement Blair, il faut connaître un peu d’histoire. Naguère, le Bureau arabe du Foreign Office britannique pouvait manipuler les différents potentats ou extrémistes musulmans par le biais de « conseillers » ou « proconsuls » britanniques sur place. Aujourd’hui, une bonne partie de la « crise » a été orchestrée grâce au profilage psychologique en profondeur des principaux acteurs et institutions de part et d’autre de la confrontation qui se prépare.
Selon de nombreux articles de presse, le durcissement du conflit avec l’Iran a été préparé le 31 janvier, lors d’un dîner des ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents, à la résidence de Jack Straw à Londres. On ne connaît pas les détails de la discussion, mais le ministre britannique aurait mis la question des sanctions sur la table, avant de se poser comme médiateur entre les positions « extrêmes » défendues d’un côté par Washington et de l’autre par Moscou et Pékin.
A cette occasion, Condoleezza Rice suivait les instructions de George Shultz, actuel co-président, avec l’ancien directeur de la CIA James Woolsey, du Committee on the Present Danger. Dans un Livre blanc publié le 23 janvier 2006, cette organisation néo-conservatrice recommande une ligne très dure vis-à-vis de Téhéran, incluant changement de régime, sanctions, aide aux « dissidents » iraniens et création d’un tribunal international pour juger l’ayatollah Khamenei et le président Ahmadinejad.
Les dernières élections présidentielles iraniennes, remportées par Ahmadinejad, ont mis le pays sur les rails d’une confrontation correspondant parfaitement au « grand jeu » britannique des géopoliticiens. Selon des sources dignes de foi, l a Garde révolutionnaire et certains cercles militaires derrière le Président cherchent à provoquer une frappe militaire « limitée » contre la République islamique qui, estiment-ils, leur permettrait de consolider leur pouvoir.
Les éléments essentiels de la confrontation Washington/Téhéran étaient déjà en place dès août 2005, au moment où Lyndon LaRouche a fait circuler son communiqué sur les « Canons d’août ». A l’époque, pour empêcher une attaque préemptive possiblement nucléaire, certaines institutions militaires américaines ont laissé filtrer les plans du Commandement stratégique prévoyant justement ce genre de frappes. Leurs interventions conjointes avaient alors permis d’éviter le pire.