Un âne ne trébuche pas deux fois sur la même pierre. Au moins, on l’espère. Après avoir imposé, durant des longues années et sans le moindre résultat positif, des coupes budgétaires et une austérité mortifère, certains responsables au sein du FMI, de l’OCDE et de l’UE, songent, à revoir leur copie !
A titre d’exemple, la dernière note publiée le 18 février par l’OCDE intitulée Perspectives économiques intermédiaires. Ce document propose, révolution dans ce grand temple de la pensée ultra-libérale, d’accroître l’investissement public dans l’infrastructure, afin de stabiliser les budgets.
Les mesures actuellement mises en œuvre par les banques centrales, affirme la note,
vont déboucher sur un équilibre à faible niveau de croissance, caractérisé par une faible demande, un faible niveau d’investissement et d’inflation, ainsi que des résultats insatisfaisants sur le marché de l’emploi et une faible progression de la productivité. Dans ce contexte, les améliorations souhaitées dans le domaine du niveau de vie et de la distribution des revenus ne verront probablement pas le jour. Une reprise des investissements dans le secteur privé et l’augmentation des salaires sont nécessaires pour que l’activité économique puisse gagner en vitesse.
La politique monétaire, dont l’assouplissement quantitatif et les faibles taux d’intérêt, n’ont pas donné « satisfaction sur le plan de la croissance », mais des investissements publics accrus dans l’infrastructure permettraient de
soutenir la croissance future, compensant le manque d’investissement suite aux coupes budgétaires imposées dans tous les pays avancés au cours des dernières années.
Le document contient également un graphique simulant les résultats d’une progression sur deux années du niveau d’investissement public à hauteur de 0,5 % du PIB : soit une croissance de 0,7 % du PIB aux États-Unis et de 0,6 % dans la zone euro. L’effet sur la dette serait une réduction de 0,4 % dans la zone euro (calculé comme moyenne pondérée de l’Allemagne, de la France et de l’Italie).
La Grèce est un exemple tragique de l’échec de la politique de coupes budgétaires. FMI, Bruxelles et la BCE y ont imposé des mesures d’austérité sans pareilles, provoquant une chute brutale des niveaux de vie, tout en refusant encore aujourd’hui à lui venir en aide, et ce malgré le lourd fardeau que constitue la crise des réfugiés.
Le Président grec Prokopis Pavlopoulos a récemment dénoncé avec émotion cette politique d’austérité, appelant à une intervention musclée de L’État dans l’économie afin de surmonter la crise. La politique d’austérité, a-t-il constaté, a conduit la zone euro au bord de la crise économique et de l’« asphyxie monétaire ».
En Allemagne, pour sa part, le vice-chancelier et ministre SPD de l’Économie Sigmar Gabriel a vertement critiqué le ministre des Finances Wolfgang Schäuble pour sa politique de déficit zéro et d’équilibre budgétaire. Pour Gabriel, il est totalement inacceptable que les dépenses supplémentaires occasionnées par les réfugiés en 2015 soient invoquées pour ne pas augmenter les retraites ou aider les municipalités qui, en l’occurrence, portent la plus grande charge de l’aide aux réfugiés.
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