Avec ses vastes perspectives économiques, scientifiques et philosophiques, le programme spatial chinois montre la voie à des pays occidentaux cloués à terre par leurs mauvais choix économiques des dernières décennies : les profits à court terme dans la spéculation, l’économie de services et le tourisme.
Christine Bierre, pour Nouvelle Solidarité, s’est entretenue avec Sébastien Drochon, de l’équipe de veille scientifique de Solidarité & Progrès.
NS : La Chine vient d’annoncer le lancement en 2018 d’une mission lunaire vers la face cachée de la Lune. Nous en parlerons dans cet entretien, mais d’abord, expliquez-nous : pourquoi vouloir absolument aller dans l’espace ? Est-ce qu’on n’est pas bien, au chaud, sur Terre ?
Sébastien Drochon : Déjà, certains se plaignent qu’il fait trop chaud sur Terre – ce qui reste encore à voir ! Pourquoi aller dans l’espace ? On y est déjà. La Terre est un vaisseau dans le système solaire, le système solaire évolue dans notre galaxie, et l’espace est notre environnement.
S’extraire de l’atmosphère terrestre est chose difficile, alors pourquoi tant d’efforts pour aller dans l’espace ? Simplement parce que l’homme aime découvrir ; il est naturellement curieux. Parfois on devrait revenir à ce sentiment naïf de l’enfant qui, lorsqu’il est dans la maison, a toujours envie d’aller voir dans le jardin et, au-delà du jardin, de découvrir le monde.
C’est un aspect philosophique essentiel. De grands savants spécialistes de l’astronautique, comme Krafft Ehricke (1917-1984), ont énormément réfléchi au fait que l’exploration spatiale n’apporte pas que des avantages pragmatiques au niveau de l’économie ou du progrès scientifique ; elle répond aussi à une aspiration philosophique de l’homme. A la question de savoir quel est véritablement le but de l’être humain, on…